L'Assemblée générale de l'ONU a voté jeudi massivement pour accorder à la Palestine le statut d'Etat observateur non membre, qui est une reconnaissance implicite de l'existence d'un Etat palestinien souverain. L'accession de la Palestine au statut d'Etat a été marquée par une standing ovation après l'adoption de la résolution par 138 voix pour, 41 abstentions et neuf voix contre dont celles des Etats-Unis et d'Israël. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est arrivé à la tribune sous une salve d'applaudissements pour dire que depuis la Nakba en 1948, le peuple palestinien regarde les Nations Unies avec espoir. ''Nous ne sommes pas venus délégitimer un Etat établi, il y a plusieurs années, qui est Israël. Nous sommes venus affirmer la légitimité d'un Etat qui doit accéder à son indépendance et qui est la Palestine'', a-t-il déclaré. Au cours de ces derniers mois, a-t-il souligné, nous avons entendu ''les flux incessants'' des menaces israéliennes en réponse à l'ambition ''pacifique, politique et diplomatique'' de la Palestine d'obtenir le statut d'Etat observateur non membre. ''Le moment est venu de dire assez d'agressions, de colonies de peuplement et d'occupation'', a-t-il clamé. Le président palestinien a affirmé que son intention n'est pas de compliquer davantage le processus de paix, mais plutôt de lancer une dernière tentative ''sérieuse'' de réaliser la paix. Quand le Conseil national de Palestine a décidé en 1988 de poursuivre le processus de paix et d'adopter, à Alger, la Déclaration d'indépendance, il a pris une décision '' historique, difficile et courageuse'', a rappelé le président, en arguant qu'il s'agissait là de définir les paramètres d'une ''réconciliation historique'' qui tournerait la page de la guerre, de l'agression et de l'occupation. ''Aujourd'hui, le monde a pris une décision importante pour corriger une injustice historique et sans précédent, infligée aux Palestiniens depuis 1948. Nous continuerons à consulter notre peuple sur le passage au statut d'Etat Membre à part entière'', a-t-il soutenu. Pour sa part, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé que le vote d'aujourd'hui souligne l'urgence qu'il y a à reprendre des discussions substantielles sur une solution négociée. ''Les Palestiniens ont un droit légitime à leur propre Etat indépendant. Je crois qu'Israël a le droit de vivre en paix et dans la sécurité avec ses voisins. Il n'y a pas d'alternative à la paix'', a prévenu le Secrétaire général. ''Nous devons donner un nouvel élan à nos efforts collectifs pour faire en sorte qu'un Etat palestinien indépendant, souverain, démocratique et viable vive côte à côte avec un Etat d'Israël en sécurité'', a-t-il insisté. De son côté, le président de l'Assemblée générale, Vuk Jeremic, a souligné qu'il ne doutait pas que ''l'histoire mesurera l'importance de cette journée, mais le fait de savoir si elle aura été un pas dans la bonne direction sur la route de la paix dépendra ensuite de notre conduite''. Il a également appelé Israël et la Palestine à ''travailler pour la paix, à négocier de bonne foi et, finalement, à réussir à trouver une solution historique''. Dans sa résolution, l'Assemblée considère en effet qu'il est urgent de reprendre et d'accélérer les négociations ''pour une solution permanente au conflit israélo-palestinien fondée sur deux Etats'', afin de parvenir à un accord de paix '' juste, durable et global'' et de régler toutes les grandes questions encore en suspens, à savoir les réfugiés palestiniens, El Qods, les colonies de peuplement, les frontières, la sécurité et l'eau. L'adoption de la résolution est intervenue alors que le monde célébrait la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.