Le président égyptien Mohamed Morsi a entamé samedi des discussions dans le cadre du dialogue avec des forces politiques et nationales pour trouver une solution à l'actuelle crise politique éclatée après l'annonce de la Déclaration constitutionnelle le 21 novembre dernier, a indiqué le bureau d'un responsable de parti, Ayman Nour. La réunion, qui a débuté deux heures plus tard que prévu au palais présidentiel au Caire, regroupe outre Ayman Nour, chef du parti Ghad al-Thawra (Avenir de la révolution), d'autres hommes politiques islamistes et libéraux, ainsi que Cheikh al Azhar, plus haute autorité religieuse du pays. Mais, les dirigeants du Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition égyptienne, Mohammed al Baradei , Hamdeen Sebahi, et Amr Moussa n'étaient pas présents à la rencontre, selon les médias. Avant le début de la rencontre, le guide suprême du mouvement des Frères musulmans d'Egypte, Mohamed Badei, a exhorté toutes les forces politiques à répondre à l'invitation au dialogue du Président Mohamed Morsi, soulignant que son organisation continuerait à défendre la légitimité et les objectifs du soulèvement populaire de l'année dernière. Lors d'une conférence de presse au siège du parti des Frères musulmans au Caire, M. Badei a indiqué que la fraternité serait la première à se soumettre à un accord convenu entre tous les partis, insistant sur le fait que chacun devait présenter leurs points de vue plutôt que les imposer. Le président Morsi avait prononcé jeudi soir un discours, invitant l'opposition à prendre part samedi à un dialogue, mais le Front de libération nationale dirigé par l'ancien diplomate Mohamed El Baradei, et l'ancien chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, ont décliné l'invitation. El Baradei a réaffirmé vendredi qu'un dialogue avec le président Mohamed Morsi restait conditionné au report d'un référendum constitutionnel et à l'abandon des pouvoirs exceptionnels du chef de l'Etat. M. El Baradei, prix Nobel de la Paix et ancien chef de l'agence atomique de l'ONU, a demandé à M. Morsi "d'annuler" le décret par lequel il s'est octroyé des pouvoirs renforcés échappant à tout contrôle judiciaire. Il a également demandé le report du référendum sur un projet controversé de Constitution, prévu le 15 décembre. La commission électorale a indiqué que le vote des Egyptiens de l'étranger pour ce référendum, qui devait débuter samedi, était reporté à mercredi. "Si Morsi prend ces mesures, il y aura une voie, au travers du dialogue et de la compréhension mutuelle, pour toute l'Egypte, musulmane et chrétienne, de se retrouver autour de la table", a affirmé M. El Baradei. L'armée égyptienne avait appelé samedi les parties concernées à s'engager dans le dialogue national qui, a-t-elle dit, est la meilleure et la seule voie pour parvenir à un accord. "Le désaccord n'est dans l'intérêt d'aucune partie... La nation toute entière va payer le prix d'un désaccord", avait déclaré dans un communiqué le porte-parole militaire Ahmed Ali, ajoutant que le désaccord entre concitoyens est "compréhensible" mais que le recours à la violence est "inacceptable". Le 22 novembre, M. Morsi a publié une nouvelle "déclaration constitutionnelle" selon laquelle toutes les lois, décisions et déclarations constitutionnelles qu'il a publiées depuis le 30 juin, date de son accession au pouvoir, sont définitives et incontestables. L'opposition a vivement critiqué cette déclaration, estimant que le président Morsi s'arrogeait trop de pouvoir, et des manifestations de grande envergure ont éclaté à travers le pays, et des heurts entre forces de l'ordre et manifestants ont fait des morts et des centaines de blessés.