Les charges de la compensation des produits de base au Maroc ont augmenté de 37,4% à 50,5 milliards de dirhams (4,48 Mds d'euros environ) à fin novembre 2012 contre 36,8 mds de DH à la même période en 2011, selon des chiffres du ministère marocain de l'Economie et des Finances. La charge globale de compensation qui pèse lourdement sur le budget de l'Etat pourrait facilement atteindre, au titre de l'année 2012, quelque 53 milliards de dirhams (environ 4,75 Mds d'euro), rendant la réforme de la caisse de compensation indispensable. Le projet de loi de Finances 2013 prévoit que les dépenses du système de compensation continueront de plomber le budget de l'Etat, pour la période 2013-2016 si aucune mesure n'est prise. La charge prévisionnelle de compensation pourrait atteindre plus de 200 mds de DH durant les trois prochaines années contre près de 123 mds pendant la période 2009-2011. Le gouvernement marocain envisage de stabiliser en 2013 le niveau des dépenses publiques consacrées aux subventions pour les denrées de base. Ainsi, le budget consacré aux subventions va s'établir en 2013 à 45,9 mds de DH contre 46,5 mds en 2012. Selon diverses sources, la charge prévisionnelle de compensation au titre de l'année 2013 fluctuerait entre 45,9 et 49,3 mds de DH, mais la facture pourrait augmenter selon les prix des produits subventionnés. Dans ce cas, le projet de loi de finances prévoit deux scénarios pour résister à la volatilité des prix. Le premier repose sur un cours du pétrole brut à 105 dollars le baril, celui du gaz butane à 840 dollars/la tonne et un coût du sucre brut et du blé tendre situé respectivement autour de 500 et 300 dollars la tonne. Quant au deuxième, il prévoit une hausse conséquente du cours du brut qui pourrait atteindre 110 dollars/baril et une augmentation de la valeur du gaz butane pour atteindre 880 dollars. Des économistes ont, cependant, estimé que dans les deux cas, le budget global de la compensation atteindra les 50 milliards de dirhams. Selon le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Najib Boulif, chargé du dossier de réforme de la caisse qui sera dévoilée très prochainement, le gel des prix de plusieurs produits a coûté au budget de l'Etat plus de 150 mds de Dh au cours des cinq dernières années soit une moyenne de 30 mds de dirhams par an. Dans des déclarations à des opérateurs de différents secteurs, il a affirmé que ce système entraînait de lourdes conséquences sur le budget de l'état. Pour cela, son ministère envisage une réforme de la caisse pour passer d'un système de subvention universel et non ciblé, à un un système de soutien ciblé au profit des couches pauvres et vulnérables. Tout en reconnaissant que le système de compensation présentait des avantages comme la préservation de la paix sociale à travers le soutien du pouvoir d'achat, il avait affirmé que "si les enveloppes budgétaires attribuées à la compensation étaient orientées vers les investissements, le Maroc aurait pu réaliser des taux de croissance élevés". Le Projet de loi de finances 2013 prévoit de ramener le déficit budgétaire à 4,8 % du PIB et d'atteindre un taux de croissance de 4,5 % sur la base d'une récolte agricole moyenne. Selon le ministre de l'Economie et des Finances Nizzar Baraka, cet objectif serait atteint notamment par l'optimisation des dépenses à travers le plafonnement des charges de la compensation à un niveau soutenable, la suppression des dépenses improductives et la réduction du train de vie de l'Etat.