A une semaine de l'ouverture officielle de la campagne électorale pour les législatives des 24 et 25 février prochain en Italie, un duel musclé oppose depuis quelques jours deux prétendants à la présidence du Conseil, Mario Monti et Silvio Berlusconi. L'actuel président du Conseil démissionnaire, Monti qui a accepté de conduire la liste des partis centristes modérés au prochain scrutin et son prédécesseur Berlusconi, chef du parti du peuple de la Liberté (PdL-centre droit), candidat pour le 6ème fois à ce poste, se sont affrontés sur "la morale" en politique. C'est Berlusconi qui a ouvert les hostilités le 31 décembre dernier, en faisant savoir que dans le programme de Monti, ne figurent pas les thèmes relatifs à l'éthique et la morale, rappelant au passage que lui, quand il était aux commandes de l'Italie, il avait eu les éloges de l'Eglise. La sortie de Berlusconi suivait celle du Vatican qui, à l'annonce de Monti de "monter en politique" pour être le chef de fil de partis et d'associations de la société civile qui partageraient ses idées aux prochain scrutin, l'avait encensé par le biais de son porte parole. A l'attaque de Berlusconi, Monti répliquait que son prédécesseur a usé à son encontre d'"armes inadaptées", en citant "les valeurs familiales" chères à l'Eglise. "Je déteste les partis qui les utilisent comme arme et qui souvent ne les respectent pas dans le quotidien. Cela se passe de commentaire", a-t-il dit en allusion aux différents procès en justice dans lesquels est empêtré Berlusconi. Monti, professeur en économie, appelé aux affaires après la démission de Berlusconi en novembre 2011, alors que l'Italie était en pleine tourmente économique et financière, a été formé par les jésuites et avait inclus dans son staff gouvernemental démissionnaire pas moins de six ministres catholiques engagés connus. Berlusconi, qui est à la tête d'un empire médiatique, multiplie les interventions à travers ses moyens audiovisuels, pour répondre aux critiques de Monti, affirmant que les accusations implicites de ce dernier sur sa vie privée "n'avaient plus aucune crédibilité" dans l'opinion publique italienne. Berlusconi a accusé son rival de s'impliquer finalement dans la bataille politique alors qu'il s'était engagé à ne pas s'y lancer. Pour se justifier, Monti a déclaré qu'il n'était pas le chef de file de partis, mais celui d'un "mouvement de citoyens" qui adhéreraient à son agenda visant à "changer l'Italie". Pour Berlusconi, Monti n'est finalement qu'un "petit leader" d'une petite coalition de partis centristes créditée de seulement 12% des intentions de vote dans les sondages. Lorsque le courant favori aux prochaines législatives, le Centre gauche, s'est démarqué de Monti à son annonce d'entrer sur la scène politique, Berlusconi, fin manoeuvrier, lui qui abhorre ouvertement la gauche, a lancé un appel du pied à ce courant pour le rejoindre en ciblant l'aide centriste et libérale de la gauche conduite par le maire de Florence, le jeune Matteo Renzi, sorti second avec 38% des voix, aux primaires pour les législatives de ce courant remportées par Pier Luigi Bersani. Berlusconi joue également sur le ras-le bol des Italiens mis à rude épreuve par "la pluie de taxes" introduites par Monti dont celle sur la première habitation, en proposant que s'il était élu, il supprimerait cette taxe. Sur ce point, Monti a affirmé que personne ne pouvait supprimer la taxe sur la première habitation et si Berlusconi la supprimait, il serait le premier à la réintroduire et même en doublant sa valeur, vu le piètre état actuel des finances publiques. Les deux hommes se sont affrontés également sur les taux des obligations de l'Etat, les spreads (différentiel entre les taux d'intérêt payés par l'Italie et l'Allemagne), très élevés en 2011, dépassant les 570 points et qui sont redescendus aujourd'hui à moins de 300. Pour Berlusconi, le thème des spreads invoqué par Monti est "une invention" créée pour faire tomber son gouvernement, alors que son rival explique que si les spreads ont baissé, c'est que l'Italie a regagné sa crédibilité face aux marchés grâce aux réformes structurelles qu'il a engagées.