Le conflit en Syrie a atteint "des niveaux d'horreur sans précédent" et un appel au Conseil de sécurité de l'ONU à agir d'urgence a été lancé par le médiateur international pour le pays Lakhdar Brahimi après la découverte mardi de quelques 70 corps de jeunes hommes tués à Alep. Le conflit syrien a atteint "des niveaux d'horreur sans précédent" et est en train de "briser" le pays, a déclaré M. Brahimi mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU. La Syrie est "détruite petit à petit" par le conflit entre gouvernement et opposition armée, a-t-il poursuivi. Face à une situation des plus inquiétantes, le médiateur a lancé un cri d'alarme à la communauté internationale, l'exhortant à agir au plus vite afin de désamorcer ce conflit qui ravage la Syrie. "Le Conseil ne peut se contenter de dire -Nous sommes divisés, donc attendons des jours meilleurs-, ils (les membres du Conseil) doivent se saisir de ce problème maintenant", a-t-il déclaré à la presse après avoir rendu compte au Conseil de sa mission. "Si on exerce un peu plus de pression (sur les protagonistes du conflit), il y aura peut-être un peu plus de progrès", a estimé M. Brahimi. L'émissaire international a en outre suggéré que le Conseil "lève l'ambiguïté" contenue dans la déclaration de Genève sur le sort à réserver au président syrien Bachar Al-Assad dans une transition politique. Selon M. Brahimi, la légitimité du président Al-Assad a été "irrémédiablement discréditée" par le conflit, qui a fait 60.000 morts en 22 mois. Outre la Syrie, "ce conflit risque de contaminer les pays voisins, où sont réfugiés des centaines de milliers de Syriens", a averti le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe. Evoquant la découverte mardi dans la cité syrienne d'Alep, de près de 70 corps de jeunes personnes sauvagement exécutées, M. Brahimi a suggéré l'ouverture d'une enquête internationale, précisant que les deux camps (pouvoir et opposition armée) avaient commis "des crimes également atroces". Ces cadavres ont été retrouvés dans la rivière Qouweiq qui sépare Boustane el-Kasr et Ansari, deux quartiers aux mains des groupes armés. "Agés d'une vingtaine d'années, ils ont été exécutés d'une balle dans la tête. Vêtus en civil, la majorité ont les mains liées derrière le dos", avait rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Au lendemain de cette découverte, l'opposition syrienne a accusé la communauté internationale "d'encourager par son inaction le régime à poursuivre ses exactions". Mais un responsable des services de sécurité syriens a affirmé qu'il s'agissait de "citoyens de Boustane al-Kasr qui ont été enlevés par des groupes terroristes après avoir été accusés d'être en faveur du régime" et tués par ces groupes. Rebelles et régime s'accusent mutuellement de massacres, mais il n'est pas possible de confirmer les informations de source indépendante. Sur le plan international, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a appelé toutes les parties au conflit à "arrêter les tueries". La France a exprimé mercredi sa "consternation" après ce massacre, souhaitant que les auteurs de ces "crimes" "en rendent compte devant la justice pénale internationale". "Nous condamnons avec la plus grande force cet acte odieux, qui illustre l'intensification de la violence en Syrie et est constitutif d'un crime de guerre", a affirmé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Philippe Lalliot. Indignée par ces crimes, la Russie a souhaité mercredi qu'une enquête "minutieuse" du massacre soit menée, a déclaré son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Le chef du gouvernement russe, Dmitri Medvedev, a en outre estimé que M. Bachar Al-Assad avait "tardé" à mettre en œuvre des réformes politiques, tout en réaffirmant que "seul le peuple syrien est habilité" à décider du sort du gouvernement en place en Syrie. La Chine a appelé de son côté le gouvernement syrien et l'opposition à "démarrer un processus de transition politique en conformité avec les principes du Communiqué de Genève", encourageant les parties concernées dans la communauté internationale à soutenir le travail de M. Brahimi par des "actions pragmatiques". Sur le terrain, les violences n'ont connu aucun répit, malgré la découverte macabre de la veille à Alep. Selon un bilan provisoire de l'OSDH, les violences ont fait mardi 91 morts en Syrie : 38 civils, dont six enfants, 30 soldats et 23 rebelles.