Des associations anticolonialistes ont affirmé, jeudi soir à Paris, que les conséquences de l'intervention militaire française au Mali sont ''dévastatrices'' et que l'opération Serval, lancée le 11 janvier 2013, est désormais annoncée pour une durée indéterminée et risque de laisser place à des comportements de revanche violents contre la population du Nord du pays. ''Avec un objectif politique aussi flou et malléable que +la lutte contre le terrorisme +, une telle guerre peut être sans fin'', ont prévenu le Collectif Sortir du colonialisme, Survie et l'Association française de soutien aux peuples d'Afrique (AFASPA), lors d'un Forum-débat sur le Mali, pays en conflit depuis l'auto-proclamation de l'indépendance de sa partie Nord par des groupes islamistes armés et des Touaregs. Dans une déclaration commune lue par Patrick Farbiaz, du Collectif Sortir du Colonialisme, Ces associations estiment que le remède (intervention) est, à terme, ''pire que le mal'', prévenant que cette logique de guerre risque même de ''déstabiliser le Sahel tout entier, par la dissémination des groupes armés et la présence de troupes étrangères offrant le prétexte idéal à de nouvelles prises d'otages et à la mobilisation de nouveaux djihadistes, parmi la population locale ou en provenance d'autres régions du monde'' . Selon elles, la ''rhétorique belliciste'' de la guerre contre le terrorisme ''renforce le djihadisme et l'idéologie de la guerre de civilisation, sans rien résoudre sur le terrain''. Les Associations ont en voulaient pour preuve les exemples tunisien et libyen où, estiment-t-elles, cette rhétorique est d'autant plus dangereuses qu'elle y favorise le renforcement des courants djihadistes. Les signataires de la Déclaration s'interrogent, par ailleurs, sur la base de quel mandat cette guerre a-t-elle été déclenchée, estimant que l'intervention française a été décidée ''dans l'ombre'', sans consultation préalable du Parlement et ''ne s'inscrit pas dans le cadre des résolutions de l'Onu'', contrairement à ce que veut faire croire le gouvernement français. Pour Augusta Epanya, de l'Union des populations du Cameroun, la France est ''largement complice'' de l'état dans lequel se trouvent nombre de pays africains dont le Mali, et du maintien de certains régimes dictatoriaux. ''En aucun cas un peuple africain sera libéré par l'ancienne force coloniale. Le défi aujourd'hui est de peser de tout notre poids pour l'ébauche d'un véritable processus démocratique au Mali'', a-t-elle affirmé. Le vice-président de l'Association Survie, Mathieu Lopez, a relevé, de son côté, que l'armée française ''n'est jamais partie de l'Afrique'' et que l'intervention française au Mali s'inscrit dans la ''continuité de la colonisation'' et une logique de '' légitimation de certaines dictatures'' dans le continent. Selon Jean-Claude Rabeherifara de l'AFASPA, l'intervention militaire au Mali tendait à ''réhabiliter l'image française après l'échec en Côte-d'Ivoire'' et non la recherche d'une solution ''politique et souveraine '' au peuple malien. Les intervenants ont fait remarquer enfin que l'intervention militaire franco-britannique en Libye dont les conséquences furent la dissémination d'armes dans la région et le reflux au Mali de milliers de mercenaires, a engendré le ''chaos et l'occupation du Nord du Mali par les groupes armés, affirmant qu'une solution militaire, a fortiori, une intervention militaire étrangère, '' ne résout aucun de ces problèmes, bien au contraire''.