La "Chbika", un genre de dentelle, est à l'honneur depuis ce dimanche à l'occasion d'une exposition de l'artisane Boustia Zahira inaugurée au Musée des arts et traditions populaires, de la Basse Casbah, et qui se poursuivra jusqu'au jeudi. Cinq jours durant, le public est convié à redécouvrir un savoir-faire ancien qui consiste en la confection d'une fine dentelle à la main, qui tire l'origine de son appellation de la "Chebka" (filet de pêche) que l'on retrouve notamment dans les articles composant le trousseau de la mariée algéroise. Nappes, napperons, draps, mouchoirs, coussins, entre autres, font partie de cette exposition individuelle qui résume trois décennies d'une passion longuement entretenue et précieusement léguée de mère en fille. Autant d'articles raffinés qui exigent une précision quasi chirurgicale et une grande patience, tant cet art basé sur les seuls éléments du fil et de l'aiguille est réputé complexe. "Si je dois mettre un jour pour un ouvrage au crochet, il m'en faudra quasiment une semaine pour réaliser le même pour la ‘Chbika'", explique l'exposante. De toute la gamme présentée, deux articles attirent particulièrement l'attention : il s'agit de la dentelle travaillée en festons qui orne les bords du "Haïk" et le bas du "Aâdjar", une voilette qui accompagne le fameux voile traditionnel algérois, disparu presque du paysage de la capitale. "C'est un art que j'ai acquis auprès de ma mère qui l'a elle-même appris de la sienne et à mon tour, je l'ai transmis à mes filles. C'est à mon sens, la seule manière de le préserver de la disparition.", explique l'artisane. Mme Boustia déplore que dans un passé récent, la ‘'Chbika'' ait connu un déclin inexpliqué avant que cet art ne renaisse de ses cendres : "Nous avons constaté un désintérêt à la ‘'Chbika'' dans le sens où la demande s'est raréfiée y compris chez les mariées qui d'habitude, l'apprécient particulièrement. Heureusement, depuis quelque temps nous observons un regain d'intérêt et les demandes se font de plus en plus nombreuses pour ce type d'ouvrages". Pour préserver cet art, héritage de la présence ottomane, le musée a programmé des cours d'apprentissage à l'attention des élèves exclues du cycle scolaire, informe Lachehab Nouzha, responsable du département animation et documentation audit musée, populairement connu sous l'appellation de "Khdaouedj El-Aâmia", ou "Khdaouedj l'Aveugle".