Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a dénoncé lundi "le silence assourdissant" des autorités françaises quant à la condamnation par le tribunal militaire de Rabat des 24 militants sahraouis des droits de l'homme. "Depuis le 17 février, date de promulgation de ce jugement inique, et malgré la multiplication de déclarations vantant la volonté de la France de défendre partout les droits de l'homme, c'est le silence assourdissant des plus hautes autorités de l'Etat (présidence de la République, ministère des Affaires étrangères...) qui se rendent ainsi complices de cette mascarade judiciaire", déplore le Mrap dans un communiqué parvenu à l'APS. "La diplomatie française se félicite de ses bonnes relations avec les autorités marocaines, considérant même que les droits de l'homme sont respectés au Maroc puisqu'il existe un Conseil national des droits de l'homme", observe par ailleurs le MRAP qui s'étonne que ce comité "ne se soit toujours pas exprimé sur ce sujet". Il demande aux plus hautes autorités politiques françaises de s'exprimer "sans délais pour demander l'annulation de ce procès ainsi que la libération des militants condamnés". Il exhorte, par ailleurs, Paris à mettre en œuvre "très rapidement" les résolutions de l'Onu pour que soit enfin organisé un référendum d'autodétermination du peuple Sahraoui. Le 17 février, le tribunal militaire de Rabat a condamné les 24 détenus politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik à de très lourdes peines de prison : 9 à perpétuité, 4 à 30 ans (dont Ennâama Asfari co-président du Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental, Corelso), 7 à 25 ans et 2 à 20 ans. Ces militants sahraouis des droits de l'homme ont été accusés d'"atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat", "formation d'une bande criminelle" et "atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l'exercice de leur fonction". Ils étaient détenus depuis le 8 novembre 2010, après l'assaut donné par les forces d'occupation marocaines contre le camp sahraoui de Gdeim Izik, proche d'El Ayoun occupé au Sahara occidental, où quelque 40.000 Sahraouis avaient dressé près de 3.000 tentes pour protester pacifiquement contre l'occupation du Sahara occidental et la violation des droits de l'homme. Le Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975, est la dernière colonie en Afrique. Il est inscrit depuis 1965 sur la liste des 16 territoires non autonomes tenue par le Comité de décolonisation et, par conséquent, éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'Onu portant sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux.