La région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a réalisé cinq des neuf Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) mais avec des progrès variés entre les pays de cette zone, ont indiqué mercredi la Banque mondiale et le FMI. Les OMD, dont l'échéance arrivera en 2015, ont été définis par les pays membres de l'ONU lors d'un Sommet tenu en 2000 en prenant la décision de réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim dans le monde, réduire la mortalité infantile et maternelle, lutter contre les maladies, améliorer l'accès à l'assainissement et à l'eau et élargir l'accès à l'éducation et l'emploi pour les femmes. Dans leur rapport publié à la veille de la tenue de leur réunion prévue du 19 au 21 avril à Washington, la BM et le FMI observent que les objectifs dans lesquels la région MENA marque encore des retards concernent notamment les OMD liés à la sous-alimentation, la généralisation de l'accès à l'école, la parité hommes-femmes et l'accès à l'eau potable. Ainsi sur les 15 pays du MENA (hors ceux du Conseil de coopération du Golfe), neuf ont atteint, comme l'Algérie, ou font des progrès suffisants pour l'OMD relatif à la réduction de moitié l'extrême pauvreté, mais seulement deux pays (Egypte et Liban) font des progrès suffisants pour atteindre la cible de baisser la mortalité infantile et quatre ont atteint l'OMD liée à l'accès général à l'eau potable (Tunisie, Liban, Egypte et Iran), note le document. La région a ainsi réussi à réduire la pauvreté à 2,4% de la population en 2010 contre 6% en 1992, souligne la même source qui précise qu'il y avait 8 millions de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour dans la région MENA en 2010. Il est souligné, par ailleurs, que 60% de la population de la région MENA vit dans des zones urbaines. Sur les 133 millions d'habitants qui s'ajouteront à la population actuelle dans la région MENA entre 2011 à 2030, 78% vivront dans des zones urbaines. A ce propos, la BM et le FMI estiment qu'étant donné que les populations pauvres des zones rurales ne pourraient pas tous migrer vers les zones urbaines, le défi est de combler les écarts ruraux-urbains. ''L'urbanisation contribue à sortir les populations de la pauvreté et à progresser sur la voie de la réalisation des OMD, mais si elle n'est pas maîtrisée, elle peut aussi conduire à une forte croissance des bidonvilles, de la pollution et de la criminalité'', soutiennent les deux institutions. Recul de la pauvreté dans beaucoup de pays en développement Abordant les OMD dans l'ensemble des pays en développement, le rapport constate que l'extrême pauvreté a connu un déclin rapide dans de nombreux pays, mais à l'horizon 2015, un nombre de 970 millions de personnes vivront encore avec moins de 1,25 dollar par jour. ‘‘Les pays émergents et en développement connaissent une croissance robuste en dépit du ralentissement des économies avancées. Le maintien de cette croissance, grâce à la poursuite de politiques macroéconomiques prudentes et au renforcement des capacités à gérer les risques, est essentiel à des progrès soutenus vers la réduction de la pauvreté alors que nous nous rapprochons de 2015'', a fait savoir Hugh Bredenkamp, directeur adjoint du Département de la stratégie au FMI. Comme le souligne le rapport, le défi de la lutte contre la pauvreté et de l'amélioration des conditions de vie des pauvres réside dans la dynamique entre zones urbaines et rurales. Les grandes et les petites villes abritent de plus en plus les plus grands bidonvilles du monde, l'Afrique abritant 25,5% des 828 millions d'habitants de bidonvilles de la planète, l'Asie 61% et l'Amérique latine 13,4 %. Les centres urbains du monde en développement devraient connaître une expansion, accueillant 96% des 1,4 milliard de personnes supplémentaires d'ici à 2030. ‘‘Il faut un ensemble harmonieux d'infrastructures et de services essentiels pour faire face à la croissance urbaine. Ce n'est qu'en répondant aux besoins essentiels en matière de transport, de logement, d'eau et d'assainissement, ainsi que d'éducation et de santé que les villes pourront éviter de devenir des foyers de la pauvreté et de la misère'', indique le rapport. Dans le même temps, il faudrait également redoubler d'efforts pour améliorer le développement dans les zones rurales, où vivent 76 % des 1,2 milliard de pauvres du monde en développement avec un accès insuffisant aux services de base inscrits dans les OMD. Pour Jos Verbeek, économiste principal à la BM, ‘‘l'urbanisation est importante. Toutefois, afin d'en tirer les avantages économiques et sociaux, les dirigeants doivent prévoir un aménagement du territoire qui se veut efficient, faisant correspondre la densité de la population avec les besoins en transport, logement et autres infrastructures, et mettre en place les financements requis pour ces programmes de développement urbain''.