Des historiens et moudjahidine ont été unanimes à souligner samedi à Alger, que lors de la conférence de Bandung, tenue le 18 avril 1955 en Indonésie, a été réalisée la "première victoire de la diplomatie internationale" de l'Algérie face au colonialisme français à travers l'"internationalisation de la cause algérienne" notamment aux Nations unies. Trois mois après la tenue de la conférence de Bandung et, plus précisément, le 29 juillet 1955, 14 Etats des 29 présents à la rencontre, avaient adressé une lettre au secrétaire général des Nations unies lui demandant d'inscrire la cause algérienne à l'ordre du jour de la 10e Assemblée générale tenue en septembre 1955, ont indiqué les participants à une conférence organisée au Forum du quotidien El Moudjahid, à l'occasion du 58e anniversaire de la conférence de Bandung par l'Association Mechaâl Echahid. L'historien Ameur Rekhila a précisé à ce propos, que la France avait alors mené une campagne diplomatique face à cette initiative donnant lieu au report de l'inscription de la cause algérienne à la 11e session soit en 1956. Il a rappelé que la réunion préparatoire de la conférence de Bandung, en décembre 1954, et qui a regroupé les cinq chefs d'Etat (Inde, Indonésie, Birmanie, Sri Lanka et Pakistan), avait abouti à la nécessité de tenir la conférence. Celle-ci, a-t-il dit, avait regroupé les représentants de pays africains et asiatiques avec la "participation de l'Algérie au sein de la délégation maghrébine qui comptait des représentants de Tunisie et du Maroc". Il a souligné cependant, que les organisateurs de la conférence avaient du mal, du point de vue règlementaire, à attribuer au Front de libération nationale (FLN) la qualité de membre à part entière dès lors qu'il ne jouissait pas de la qualité d'Etat. La conférence lors de laquelle il a été convenu de la participation du FLN au sein de la délégation maghrébine en qualité d'"observateur" regroupait des Etats indépendants d'Afrique et d'Asie, a-t-il argué. Selon M. Rekhila, près de 600 représentants de 29 pays. Les observateurs étaient quant à eux, représentés par les délégations de trois pays du Maghreb, de Chypre et du Mufti de Palestine. D'autre part, le moudjahid et diplomate, Salah Belkobi, a affirmé que la conférence de Bandung était le premier jalon des victoires diplomatiques algériennes à l'échelle internationale. Il a salué à cet effet, les efforts consentis par les représentants du FLN en l'occurrence les moudjahidine Hocine Ait Ahmed et M'hamed Yazid qui ont insisté sur la nécessité de porter la cause algérienne devant les Nations unies. La conférence, a-t-il rappelé, a été sanctionnée par une décision attestant "le droit de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie à l'autodétermination et à l'indépendance" et appelant le gouvernement français à trouver un règlement pacifique à la question. Cette décision, a-t-il encore dit, avait ouvert la porte des organisations internationales à leur tête les Nations unies devant la cause algérienne. M. Belkobi a ajouté enfin, que la conférence de Bandung et les conclusions qui en ont découlé, lui conférèrent le cachet d'une "conférence constitutive" du groupe des pays afro-asiatiques. Groupe, a-t-il estimé, qui a consacré la coopération entre les deux continents et l'action commune pour mobiliser les pays africains et asiatiques. L'ambassadeur d'Indonésie à Alger, M. Ahmed Ni'am Salim, qui a été distingué à cette occasion, a rappelé l'allocution de clôture du Président sukarno qui clamait haut et fort : "Nous devons réaliser la liberté et l'indépendance de tous les pays du monde ainsi que le progrès et la prospérité".