L'activité de la diplomatie algérienne, depuis la Conférence de Bandung d'avril 1955, a été hier au centre des débats, au Centre des études stratégiques d'Echaâb (CESE). Pour l'ancien secrétaire général du parti FLN, Abdelhamid Mehri, le mouvement national a montré, depuis l'année 1947, “les grandes lignes de la politique extérieure”. Il a également estimé que la diplomatie algérienne figure parmi celles ayant contribué le plus activement, dès la fin des années 1940, à la conception du mouvement des Non- alignés. Mais, M. Mehri a vite fait d'admettre que ces expériences du terrain doivent nous servir pour approcher l'après-Bandung. Se remémorant la position vague de l'Otan vis-à-vis de la Révolution algérienne, l'intervenant s'est demandé si la démarche occidentale dans la région du Sahel ne serait pas la suite d'un épisode suscité à l'époque au nom de la lutte contre le communisme, transformée aujourd'hui en lutte contre le terrorisme. De son côté, l'ex-ministre de la Culture, Mohamed Larbi Demagh Latrous, a insisté sur le fait que la Conférence afro-asiatique de Bundung a ouvert les portes à la question algérienne et donc au droit du peuple algérien à l'autodétermination, y compris les portes des Nations unies. Au cours de la rencontre du CESE, à laquelle ont participé des anciens combattants de la guerre de Libération nationale, des universitaires et l'ambassadrice de l'Indonésie à Alger, des intervenants ont salué le rôle joué par la délégation algérienne, représentée par Hocine Aït Ahmed et M'hamed Yazid, à la Conférence de Bandung. D'aucuns ont précisé que le combat contre le colonialisme français impliquait à la fois un travail diplomatique et la lutte sur le terrain. D'autres se sont demandés si notre diplomatie n'est pas en recul actuellement par rapport aux principes de la Révolution algérienne, en faisant référence notamment aux enjeux entourant l'Union pour la Méditerranée, la région sahélienne, le dossier de décolonisation du Sahara occidental et la question de l'indépendance économique. Quant à l'ambassadrice d'Indonésie, elle a rappelé que la Conférence de Bandung a eu lieu dans une des villes indonésiennes, 10 ans après l'indépendance de son pays. La diplomate a, en outre, informé l'assistance de la tenue, le 24 mai prochain aux Archives nationales (Alger), d'un séminaire consacrant la commémoration du 55e anniversaire de la Conférence de Bundung. En marge de la rencontre, l'universitaire Chérif Driss a indiqué que la politique extérieure algérienne se cherche aujourd'hui. Pour le politologue, l'activité diplomatique fonctionnait, de 1962 à 1992, à partir d'un schéma incluant les grands principes fondateurs et les objectifs qui définissaient les intérêts de l'Algérie. Ce qui n'est plus le cas de 1992 à nos jours, c'est-à-dire depuis la fin de la guerre froide.