Un nouvel ouvrage sur "La Radio de l'Algérie libre et combattante", de l'homme de culture et ancien ministre de la Communication, Lamine Bechichi, sera prochainement sur les étals. Consacré à son expérience de journaliste de radio durant la guerre de libération nationale, cet ouvrage, préfacé par Zoheir Ihaddaden, professeur à l'Ecole nationale supérieure de journalisme, relate, a expliqué à l'APS, M. Bechichi, "le génie dont ont fait montre les hommes de la Révolution nationale dans le domaine médiatique". Cette radio a commencé à émettre en décembre 1956 pour s'arrêter en septembre 1957, elle a donc duré 9 mois, a ajouté l'auteur de ce témoignage, soulignant que ce fut "une expérience extraordinaire" car cette radio fonctionnait "dans des conditions extrêmement difficiles, dans la clandestinité, dans la région du Rif marocain, non loin de la frontière algérienne". La radio émettait en "nomade", constamment en déplacement pour ne pas être localisée par l'ennemi. Elle a failli être bombardée car la parole de la Révolution "dérangeait l'ennemi au plus haut point", a encore souligné M. Bechichi. Il fallait que la Révolution contrecarre les puissants moyens de propagande du colonisateur qui a fait sien le crédo de Goebbels, le ministre de la propagande d'Hitler : "un mensonge répété mille fois devient une vérité", a ajouté l'ancien ministre, rappelant qu'à cette époque, la majorité du peuple algérien était analphabète, d'où le caractère précieux de la radio pour mobiliser la population et la protéger de la propagande ennemie. M. Bechichi qui a également indiqué que la radio émettait à partir d'un véhicule fourgon dissimulé, a affirmé que les journalistes et les techniciens vivaient dans des conditions très dures jusqu'à ce que des pays frères accueillent "Saout El Djazair" (La voix de l'Algérie). Il a évoqué avec une grande émotion, les pionniers de la radio de l'Algérie combattante qui émettait également des messages en morse destinés aux premiers groupes armés de l'Armée de libération nationale (ALN). Parmi les journalistes de cette radio, M. Bechichi a cité, entre autres, Redha Bencheikh El Hocine qui signait ses commentaires du nom de Okba, un magistrat algérien qui travaillait dans les tribunaux marocains qui intervenait sous le pseudonyme de Yougourta, Abdelmadjid Meziane qui émettait en français sous le nom de Salah-Eddine el Ayoubi, Madani Haouès, Belaïd Abdeslam ou encore Rachid Nedjar. Cette voix de l'Algérie qui combattait sans relâche pour recouvrer son indépendance, est édifiante quant aux capacités avérées des Algériens qui ont pu exercer ce "métier hautement sensible et complexe" dans une conjoncture marquée par tous les dangers, selon M. Bechichi qui a rappelé que les hommes qui ont fait vivre cette radio n'ont jamais rien demandé en contrepartie. Né le 19 décembre 1927 à Sedrata (Souk Ahras), Ahcène Lamine Bechichi est également auteur-compositeur. Cet homme de radio durant la Révolution et après l'indépendance a suivi ses premiers cours auprès de son père, cheikh Belkacem Lidjani, et ensuite auprès de cheikh Larbi Tébessi avant de poursuivre ses études à l'université de la Zitouna, en Tunisie. Il fut l'un des fondateurs du journal Al Muqawama El Djazairia (La résistance algérienne) en 1955. Secrétaire de rédaction à El Moujahid de 1956 à 1960 et commentateur politique à la radio durant la même période, il assumera après l'indépendance plusieurs responsabilités, parmi, lesquelles Conseiller au ministère de l'Education nationale, responsable de la délégation diplomatique algérienne au Caire, ambassadeur au Soudan, avant de diriger la radio nationale en 1992 et se voir confier ensuite le portefeuille de la Communication en 1995.