Un nouveau bain de sang a eu lieu vendredi en Irak après plusieurs attentats qui ont coûté la vie à au moins 49 personnes, portant à plus de 200 morts le bilan des violences qui ont frappé cette semaine le pays où la tension persiste entre la minorité sunnite et la majorité chiite. Pour la seule journée de vendredi, au moins 49 personnes ont été tuées dans des attaques séparées en Irak, selon des sources de sécurité et médicales. Un attentat visant des fidèles après la prière hebdomadaire du vendredi a fait 41 morts et 57 blessés à Baaqouba, à 60 kilomètres au nord-est de Baghdad, ont annoncé des sources policières et médicales. Et à Madaïn, à 25 kilomètres au sud de la capitale irakienne, une bombe a visé des funérailles d'un sunnite, faisant huit morts et au moins 25 blessés, d'après des sources médicales et de sécurité. La veille, au moins 25 personnes avaient été tuées dans une série d'attentats en Irak, selon des responsables de services médicaux et de sécurité. L'attentat le plus sanglant de jeudi avait eu lieu lorsqu'un un kamikaze avait tué 12 personnes à l'entrée d'une mosquée à Kirkouk (nord) où les proches de victimes de violences survenues la veille recevaient des condoléances. Ces attentats interviennent après deux journées marquées par des attaques ayant tué des dizaines de personnes à travers le pays. Au total, 240 personnes sont mortes en une semaine, dont une grande partie dans des attaques et heurts entre les forces de sécurité et les manifestants sunnites hostiles à la politique du Premier ministre Nouri al-Maliki. Chaque mois depuis le début de l'année, les violences ont fait plus de 200 morts en Irak, avec un pic à plus de 460 en avril, selon des chiffres donnés par des médias. Le confessionnalisme pointé du doigt Depuis près de cinq mois, des manifestations de sunnites secouent régulièrement plusieurs zones en Irak. Les opposants à al-Maliki, un chiite, accusent les autorités de "stigmatiser" leur communauté en procédant à des arrestations et en lançant des accusations de "terrorisme" injustifiées. Dans sa réaction à ces troubles, M. al-Maliki a estimé jeudi que la vague de violences qui secoue le pays est le résultat de la "haine confessionnelle". "Le bain de sang aujourd'hui est le résultat de la haine confessionnelle", a déclaré M. al-Maliki à la télévision. "Ces crimes sont le résultat d'une mentalité sectaire", a-t-il ajouté. Afin d'apaiser cette tension, le gouvernement a fait quelques concessions, en libérant des prisonniers et en augmentant les salaires des combattants sunnites engagés contre la branche d'Al-Qaïda, mais les questions à l'origine des troubles n'ont pas été réglées. Fin avril, les manifestations avaient dégénéré, rappelle-t-on, en violences meurtrières, après un assaut des forces de sécurité contre les manifestants, qui a déclenché des heurts armés. Ces violences avaient soulevé la crainte d'un retour au sanglant conflit confessionnel qui avait suivi l'invasion américaine en 2003 et avait fait plusieurs dizaines de milliers de morts, en particulier en 2006-2007.