L'intervention de "combattants étrangers" en Syrie a été condamnée par l'ONU qui a demandé une "enquête spéciale" sur les événements en cours dans la ville rebelle de Qousseir (centre-ouest) où l'armée ne cesse de gagner du terrain. Dans une résolution présentée par les Etats-Unis, le Qatar et la Turquie, et adoptée par 36 voix, mercredi soir à Genève, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU "condamne l'intervention de combattants étrangers qui luttent pour le compte du gouvernement syrien à Qousseir". Il condamne aussi toutes les violences commises en Syrie par l'ensemble des parties au conflit. Dénonçant les "récentes tueries à Qousseir", la résolution demande à la Commission d'enquête indépendante sur la Syrie (qui agit sous mandat du Conseil des droits de l'Homme) de mener une "enquête spéciale sur les évènements à Qousseir" et de présenter un rapport en septembre prochain. Pour le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, Navi Pillay, "le nombre croissant de soldats étrangers qui traversent la frontière de part et d'autre ne fait qu'encourager la violence confessionnelle". A une question mercredi sur une récente déclaration du chef du "Hezbollah" libanais Hassan Nasrallah, sur une présence de combattants du mouvement en Syrie, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a exprimé sa "vive préoccupation" face à l'implication de "plusieurs éléments" dans cette crise. Dans le même contexte, les Etats-Unis ont appelé mercredi le Hezbollah à "retirer ses combattants" du territoire syrien. "Nous exigeons que le Hezbollah retire immédiatement ses combattants de Syrie", a martelé Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat américain. Les rebelles pris en étau à Qousseir L'armée syrienne ne cesse du gagner du terrain à Qousseir. Mercredi, l'armée a annoncé y avoir pris le contrôle de l'aéroport de Dabaa "à l'issue d'une opération militaire de plusieurs heures", qui a fait, selon une source militaire, plusieurs dizaines de morts. "Nous pouvons désormais nous diriger vers le quartier nord de Qousseir", où sont retranchés les insurgés, a déclaré un officier à la chaîne de télévision "al-Manar". Cette avancée fait suite à l'envoi mercredi vers la ville de renforts, notamment des forces spéciales de la garde républicaine, les mieux entraînées des troupes syriennes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La Coalition nationale de l'opposition dans l'impasse Réunie depuis le 23 mai à Istanbul (Turquie), la Coalition nationale de l'opposition n'arrive toujours pas à s'entendre sur son élargissement, le choix d'un nouveau président et la composition d'un "gouvernement provisoire". Outre son élargissement, l'opposition ne s'est pas encore prononcée sur sa participation à la future conférence de paix sur la Syrie baptisée "Genève 2", malgré d'intenses discussions. Pour y prendre part, les opposants syriens ont posé une série de conditions dont l'arrêt des massacres et destructions commises, selon eux, par le gouvernement. Ils ont une nouvelle fois exigé le départ du président syrien Bachar al-Assad, qui fait face depuis mars 2011 à un sanglant mouvement de contestation. En réaction à ces exigences, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a réaffirmé que le président al-Assad "restera à son poste jusqu'en 2014 et se présentera pour un troisième mandat si le peuple le veut". "Voulez-vous que le président quitte son poste avant la Conférence (dite Genève-2), cela n'est pas possible", a-t-il lancé mercredi à la chaîne de télévision arabe "Mayadeen". Le chef de la diplomatie syrienne a signalé qu'il n'y aurait pas de transfert du pouvoir du président vers un gouvernement intérimaire avant la tenue d'un referendum qui devra approuver tout accord entre le régime et l'opposition. Pour sa part, la Russie, qui a initié avec Washington, la conférence dite "Genève 2 " a qualifié d'"irréalisables" les conditions de l'opposition pour participer à cette rencontre censée déboucher sur une solution politique à la crise syrienne. "On a l'impression que la coalition nationale et ses sponsors régionaux font tout pour empêcher le début du processus politique et obtenir une intervention militaire par tous les moyens, y compris une propagande peu scrupuleuse à l'intention de l'opinion publique occidentale", a déploré jeudi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Efforts diplomatiques intenses pour la tenue de "Genève 2" En attendant la décision de l'opposition quant à sa participation ou non à la conférence de Genève 2, à laquelle Damas a répondu favorablement, les consultations se poursuivent entre les Etats-Unis, la Russie et l'ONU, sur les préparatifs de la future conférence internationale sur la Syrie. Selon le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, "des consultations actives sont en cours entre les Nations unies, les Etats-Unis et la Russie. "Nous n'avons pas encore trouvé de date mutuellement acceptable et pratique pour la réunion", a-t-il cependant dit. Outre la date, M. Ban a aussi cité comme points en discussion la liste des participants à la conférence et la participation de l'opposition syrienne qui, selon lui, devrait "être présente de manière unie". Il a en outre réaffirmé "qu'il n'y a pas de solution militaire (au conflit), seul un processus politique peut le résoudre durablement". Dans ce contexte, l'Algérie a réaffirmé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, sa position constante pour une solution politique de sortie de crise qui secoue la Syrie. S'exprimant à l'occasion de la tenue, mercredi à Téhéran, d'une conférence internationale sur la crise syrienne sous le thème "solution politique - stabilité régionale", M. Medelci a plaidé pour l'"arrêt de la violence" et appelé à l'ouverture d'"un dialogue entre l'ensemble des composantes du peuple syrien". Soulignant que l'Algérie se joignait aux efforts internationaux visant le règlement de ce conflit, le ministre a exprimé l'espoir que la conférence prévue à Genève constitue une "étape marquante" dans le processus de résolution de la crise syrienne. Des ministres des Affaires étrangères et des représentants de 44 pays asiatiques, africains, latino-américains et européens, ainsi que des personnalités internationales et des représentants d'organisations régionales et internationales ont pris part à la conférence de Téhéran, la deuxième du genre après celle tenue le 9 août 2012 dans la capitale iranienne.