Le Conseil des droits de l'homme, dont le siège est à Genève Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU va-t-il créer un précédent en examinant la seule présence du Hezbollah en Syrie en ignorant la participation de jihadistes étrangers aux côtés de la rébellion syrienne? Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU devait se pencher hier sur un projet de résolution condamnant «l'intervention de combattants étrangers» à Qousseir, ville de l'ouest de la Syrie, théâtre de violents combats, alors que les risques d'une contagion du conflit à la région semblaient de plus en plus importants. Le projet de résolution, déposé par les Etats-Unis, la Turquie et le Qatar, vise ainsi le Hezbollah libanais, sans le nommer tout en faisant l'impasse sur les groupes jihadistes et des mercenaires présents en masse dans les rangs des rebelles syriens. Il sera présenté au cours d'un débat en urgence devant le Conseil des droits de l'Homme, dont les résolutions n'ont toutefois pas de caractère contraignant. Le texte américano-turco-qatari «condamne l'intervention de combattants étrangers qui luttent pour le compte du régime syrien à Qousseir» et se dit «profondément préoccupé par le fait que leur implication représente une grave menace pour la stabilité régionale». S'exprimant mardi au cours d'une réunion entre diplomates ouverte aux médias, un représentant syrien a expliqué que les forces armées syriennes avaient l'obligation de protéger les civils et d' «extraire» les terroristes infiltrés dans Qousseir. De leur côté, la majorité des diplomates présents à cette réunion, dont les représentants de l'UE, du Brésil et de la Suisse, ont demandé une résolution plus «équilibrée» qui fasse allusion aux violences commises par toutes les parties y compris par les groupes armés de l'opposition. La Chine et la Russie ont pour leur part relevé que la résolution n'était pas de nature à pouvoir aider à la mise sur pied d'une conférence internationale sur la Syrie. Sur le terrain, les insurgés défendent bec et ongle Qousseir et ses environs, face aux forces régulières qui tentent depuis plus d'une semaine de reconquérir avec l'aide du Hezbollah libanais cette ville stratégique située dans le centre de la Syrie. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a justifié les livraisons prévues de systèmes sol-air sophistiqués S-300 à Damas en estimant que ces missiles visaient à dissuader toute velléité d'intervention extérieure dans le conflit. «Des mesures de cette sorte dissuadent en grande partie certains esprits échauffés d'envisager des scénarios dans lesquels le conflit prendrait un tour international avec la participation de forces étrangères», a-t-il dit. Israël a mené début mai deux raids aériens sur des cibles militaires près de Damas disant vouloir empêcher un transfert d'armes au Hezbollah, ennemi juré d'Israël. Dans un contexte d'enlisement du conflit, l'UE a décidé de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles, une mesure «soutenue» par Washington. Les rebelles ont accueilli avec circonspection la décision de l'UE. Louay Safi, un porte-parole de la Coalition nationale de l'opposition syrienne réunie à Istanbul, l'a qualifiée de «pas positif» tout en disant craindre qu'elle ne soit «insuffisante et qu'(elle) n'intervienne trop tard». S'agissant de l'opposition politique, elle est plongée depuis bientôt une semaine à Istanbul dans d'interminables discussions, toujours incapable de se mettre d'accord sur sa participation à la conférence de paix, tant elle est affaiblie par les rivalités entre puissances régionales et les critiques sur son inaction. De la composition des délégations syriennes à la liste des invités, en passant par le sort de Bachar al-Assad, Genève 2 achoppe sur de nombreux désaccords. Moscou a de nouveau insisté pour que l'Iran, y participe, ce que les Occidentaux refusent.