La question de la fourniture d'armes à l'opposition syrienne va dominer le G8 qui s'ouvre lundi à Fermanagh, en Irlande du Nord. Les chefs d'Etat et de gouvernement des nations les plus puissantes du monde (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Japon et Russie) se retrouvent en Grande-Bretagne pour une réunion dominée par l'escalade de la tension en Syrie sur fond d'accusation d'utilisation d'armes chimiques contre des civils. Les débats seront dominés par la question "cruciale" de l'armement de l'opposition, qui continue de diviser la communauté internationale. Trois jours avant le forum des grandes puissances, le Premier ministre britannique David Cameron va utiliser le sommet du G8 pour parler aux dirigeants du G8 de l'envoi d'armes sophistiquées aux rebelles qui se battent pour renverser le régime de Bachar Al-Assad. Tandis que la Russie reste totalement opposée à l'armement de la rébellion syrienne, bloquant à plusieurs reprises toute résolution à l'ONU allant dans ce sens, les Etats-Unis ont fait monter la tension vendredi en promettant une aide militaire aux rebelles après avoir clairement accusé le régime syrien d'avoir eu recours aux armes chimiques. Entre ces deux courants, la Grande-Bretagne milite en faveur de la levée de l'embargo de l'UE sur l'armement des rebelles en Syrie sans pour autant s'engager clairement pour la fourniture d'armes. M. Cameron a soulevé le risque que "des armes de destruction massive tombent entre les mains d'éléments affiliés à Al-Qaïda dans la région". Par ailleurs, M. Cameron a confirmé que la question de l'envoi d'armes en Syrie devrait faire l'objet auparavant, d'un vote au parlement. A ce propos, un grand nombre députés conservateurs, y compris des membres du gouvernement, ont exprimé des doutes quant à la pertinence d'une intervention militaire en Syrie. Les opposants à cette option mettent en avant le risque de débordement du conflit hors Syrie et d'une escalade de la violence dans la région. Ils redoutent également un autre engagement de la Grande-Bretagne dans un conflit à l'étranger. Prenant la parole à Camp Bastion, la principale base britannique dans la province du Helmand (Afghanistan), le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond a affirmé qu'" après l'Afghanistan, la Grande-Bretagne devrait se méfier des grands engagements militaires à l'étranger". Il a admis que la durée et le coût du conflit afghan ont réduit la volonté de la Grande-Bretagne de mener des interventions militaires similaires à l'avenir. "Je pense que le peuple britannique, et pas seulement le peuple britannique, doit se méfier des engagements durables de cette échelle pendant longtemps dans l'avenir", a-t-il déclaré. Dans une référence frappante, il a invoqué l'intervention américaine au Vietnam, qui a duré trois décennies et a pris fin en 1975 avec un retrait américain humiliant.