Des centaines d'enfants ont été recrutés au Mali dans les rangs des groupes terroristes dont Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), a indiqué mercredi l'ONG internationale ''Watchlist on Children and Armed Conflict'', basée à New York. Dans son rapport présenté mercredi à la presse au siège de l'ONU à New York, cette ONG a recensé de nombreux cas d'enrôlement d'enfants au Mali, de meurtres, de mutilations, de viols et autres violences sexuelles, sans compter les attaques contre les établissements scolaires. ''Des garçons de 7 ans aux uniformes pendouillants sont si petits et frêles qu'ils doivent traîner derrière eux des fusils trop lourds à porter'', a constaté Mme Layal Sarrouh, chercheuse à Watchlist et auteur du rapport, qui a reconnu la difficulté d'évaluer l'ampleur du phénomène en raison d'un manque de données précises. Pourtant, a-t-elle indiqué, ''le Mali avait atteint l'Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) relatif à l'éducation il y a six ans déjà, et maintenant tous les efforts sont annihilés''. Comme c'est au 1er juillet prochain que doit commencer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), autorisée par la résolution 2100 (2013) du Conseil de sécurité, le rapport de Watchlist lui demande de rectifier le tir car à ce stade, une seule personne est prévue pour la protection de l'enfant. Le rapport fait des recommandations à plusieurs parties dont le gouvernement malien, le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale (CPI). Au Secrétaire général de l'ONU, elle recommanda d'inscrire AQMI, Ansar Dine et le MUJAO sur la ''Liste de la honte''. Mme Sarrouh a insisté sur la ''nécessité absolue'' de bien former les troupes de la Mission de l'ONU et d'établir dès maintenant des procédures opérationnelles permanentes traitant de la situation des enfants dans le conflit. L'auteur du rapport a prévenu que ''la question de l'endoctrinement est un défi de taille pour la réintégration des enfants-soldats au sein de leurs familles et communautés''. ''De nombreuses familles rapportent déjà que plusieurs enfants rapatriés considèrent la musique comme un interdit et croient que tuer un non-musulman est un visa pour le paradis'', a-t-elle noté. ''Quelle sera la place de tous ces enfants dans la société malienne ? Voilà la question fondamentale à laquelle il faut répondre pour assurer la stabilité du Mali'', a averti l'auteur du rapport qui a tenu à souligner que dans ce conflit, les fillettes ne sont pas épargnées, contraintes de se marier avec des hommes beaucoup plus âgés et de porter leurs enfants à un âge précoce. Il est à rappeler que la Représentante spéciale de l'ONU pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Mme Leila Zerrougui, avait récemment déploré devant le Conseil de sécurité le lourd tribut que les enfants continuent de payer en raison des nouveaux conflits qui ont éclaté ou se sont aggravés, citant notamment le cas du Mali.