La ligue française des droits de l'homme (LDH) s'est dite lundi "inquiète" d'une accélération dans l'Hexagone du rejet de l'Islam, suite à l'agression récente à Argenteuil de deux jeunes femmes portant le voile. "La Ligue des droits de l'Homme s'inquiète d'une accélération possible de la dynamique de rejet et de haine autour de l'Islam. Elle les inscrit dans la droite ligne d'une montée sensible du racisme, de l'antisémitisme et de l'homophobie qui ont été encouragés à relever la tête ces dernières années, singulièrement autour des enjeux migratoires", a-t-elle dénoncé dans un communiqué parvenu à l'APS. Pour l'Ong française, les politiques d'immigration menées en France depuis des années, et leur impact civique et social, se sont traduites par "l'abandon des jeunes des cités, le refus ou le report du droit de vote, l'instrumentalisation d'une pseudo-laïcité et d'un pseudo-féminisme pour stigmatiser encore plus des femmes déjà discriminées". "Cette double posture û stigmatisation de l'extérieur, discriminations à l'intérieur û aboutit à désigner des cibles", affirme-t-elle, appelant les pouvoirs publics à "faire toute la lumière" sur ces agressions et à prendre les mesures qui s'imposent pour faire respecter cette pierre angulaire de la laïcité républicaine qu'est la "liberté de conscience". Les 20 mai et 13 juin derniers, deux très jeunes femmes se sont plaintes d'avoir été violemment agressées tandis qu'elles portaient un voile à Argenteuil, dans la banlieue parisienne. La seconde, qui était enceinte, a perdu son bébé. Une enquête est en cours pour établir les faits et pour retrouver les agresseurs. Selon la LDH, de telles agressions révèlent la "libération d'une violence, à la fois sexiste et raciste, désireuse de passer à l'acte, au grand jour". "La culture du rejet de l'autre, supposé étranger, surtout s'il est musulman, la glorification de la force virile et de son usage brutal, le recours aux réflexes nationalistes sur un fond délétère de confusion politique trouvent leurs prolongements dans les actes haineux d'une extrême droite en mal d'affirmation", a indiqué la Ligue qui rappelle que le 11 juin dernier, également à Argenteuil, le contrôle d'identité d'une femme en niqab (voile intégral) par la police a dégénéré en scène d'émeute. Tout en évitant de commenter la loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public, la LDH a estimé que l'événement et les développements de l'actualité "attestent la difficulté pratique et les risques politiques de son application au pied de la lettre". Samedi dernier, une foule silencieuse d'un millier de personnes s'était rassemblée devant la sous-préfecture d'Argenteuil pour dénoncer une recrudescence d'actes islamophobes dans la ville.