Deux courts métrages, sur les cinq projetés mercredi, à la cinémathèque d'Oran, au deuxième jour de la compétition officielle dans cette section de la 7ème édition du Festival du film arabe, se distinguent par leurs thématiques liées à une actualité brulante. Il s'agit de "Boby" du Tunisien Mehdi Barsaoui et de "8 billions" du Qatari Riadh Makdissi. Avec "Boby", le Tunisien Mehdi Barsoui, qui n'était pas présent lors des débats qui ont suivi la projection, a choisi l'humour et la légèreté pour transmettre une idée pourtant très profonde. A travers les 19 minutes que dure son oeuvre, il met en scène un petit garçon tunisien qui se prend d'amitié avec un petit chien errant, ce qui son père n'accepte guère. La complicité de la mère console le petit sans pour autant réussir à faire changer d'avis au père. Le père sous l'influence des discours religieux extrémiste véhiculé par certaines chaînes de télévision estime qu'un chien souille la pureté d'un foyer. Après plusieurs tentatives de se débarrasser du chien, il lui tire dessus à l'aide d'une arme à feu. Le film ne s'arrête pas là. Un noir qui dure quelques secondes laisse croire que la bêtise humaine l'avait emporté. Mais, le réalisateur enchaîne avec un plan sur le père qui fait sa prière puis élargit pour montrer le petit garçon assis à côté de "Boby", blessé mais bien vivant, portant un bandage autour de la patte. Le film s'achève sur un sourire complice entre le père qui vient de finir sa prière et le petit garçon qui caresse son chien, lançant en direction de son père un regard espiègle, suggérant que c'est l'humain qui finira par gagner et dépasser toutes les divergences qui déchirent la Tunisie d'aujourd'hui. Le rythme du film est assez rapide, avec un éclairage sobre, voulant rester le plus fidèle à la réalité. L'interprétation du petit garçon est très convaincante, révélant une bonne direction d'acteur par Mehdi Bersaoui. Dans son film "8 billions", le Qatari Riad Makdessi soulève une grande question, sans toutefois apporter une réponse, même subjective. A travers son personnage, Adam, un jeune américain vivant au Qatar, le réalisateur se pose la question sur ce qui pousse les hommes et les femmes à faire des enfants. Pour lui, l'avenir de l'humanité est incertain et enfanter dans les circonstances actuelles est égoïste voire un génocide. Sa compagne, Eve, qui ne partage pas cet avis, finit par céder à son instinct maternel après des années passées à essayer de le convaincre. Elle quittera cet homme pour assumer, seule, un enfant dont il est le père. Avec une réalisation "très efficace", à l'américaine, Riad Makdessi a réussi, en l'espace de 27 minutes, à pousser le spectateur à vivre dans l'univers du couple et à partager leur dilemme.