Une bibliothèque municipale située dans la rue Mouffetard-Contrescarpe dans le 5e arrondissement de la capitale française, a été baptisée mercredi du nom de l'Algérien Mohamed Arkoun, en hommage à la production scientifique de ce Professeur émérite d'histoire de la pensée islamique, décédé en 2010 à Paris. Cette démarche intervient à l'initiative du maire de Paris, Bertrand Delanoë, en concertation avec le Conseil de Paris. La cérémonie d'inauguration de la bibliothèque, qui s'est déroulée en présence de plusieurs universitaires et intellectuels maghrébins et français, a été l'occasion de rappeler le parcours riche de Mohamed Arkoun et de son apport considérable notamment dans le domaine des études islamiques, ainsi que de mettre en exergue l'héritage précieux de ce philosophe. Intervenant à cette occasion, le maire de Paris Bertrand Delanoë a indiqué que l'inauguration de cette bibliothèque "constitue un moment de gratitude pour un homme d'une immense exigence morale qui a contribué à la richesse de l'humanité", soulignant "l'importance de faire vivre la pensée, l'héritage et la personnalité de Mohamed Arkoun". M. Delanoë a également souhaité que cet événement soit un "message de fidélité" et "un engagement de Paris pour sa pensée et un message d'espérance pour l'avenir". Il a rappelé, en outre, que ce grand professeur "faisait usage dans ses travaux de recherche d'instruments scientifiques qui ont permis de mieux connaître la vision de l'Islam des lumières", mettant l'accent sur les significations du choix d'une bibliothèque du 5e arrondissement de la capitale française, qui abrite la Grande mosquée de Paris et l'Institut du monde arabe (IMA), pour porter le nom de Mohamed Arkoun. Située au 74-76 place Mouffetard, la bibliothèque qui porte désormais le nom de Mohamed Arkoun, disposant d'un important fonds de sciences humaines et organisant de nombreuses conférences dans le domaine de la philosophie, "est à même de promouvoir l'œuvre de Mohamed Arkoun", a estimé le Maire de Paris. Le maire du 5ème arrondissement de Paris, Jean Tiberi, a souligné, quant à lui, l'importance de rendre hommage à "un homme de paix, de dialogue et de culture et à un universitaire émérite", ajoutant : "nous sommes réunis aujourd'hui pour que la plume de Mohamed Arkoun ne s'éteint jamais". Pour sa part, la veuve de Mohamed Arkoun, Touria Yacoubi, affirmé que cette bibliothèque, qui portait auparavant le nom Mouffetard, permettra aux chercheurs d'accéder aux travaux de Mohamed Arkoun, rappelant les actions menées pour la préservation de son "héritage précieux", citant à cet égard la création de la Fondation Mohamed Arkoun pour la paix entre les cultures en vue de "garder vivante son œuvre monumentale". Elle a rappelé, également, la création du Prix Mohammed Arkoun, une distinction récompensant le meilleur travail autour de l'œuvre d'un des plus grands penseurs de ce 21ème siècle. Né en 1928 en Algérie, Mohamed Arkoun a fait des études supérieures à l'université d'Alger puis à la Sorbonne où il a obtenu un doctorat ès lettres en 1969. Professeur dans plusieurs universités dont la Sorbonne où il enseignait l'histoire de la pensée islamique, il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages en français, en arabe et en anglais, traduits en plusieurs langues. Il est également l'auteur de centaines d'articles dans les trois langues, publiés dans des livres collectifs, des revues scientifiques ou des journaux. Mohamed Arkoun est lauréat de plusieurs Prix internationaux dont le dernier en date est le trophée pour la promotion des droits de l'Homme qui lui a été décerné à titre posthume en 2012.