La signature d'un accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23, lundi à Kampala, doit mettre un terme à 18 mois de violences meurtrières dans la province du Nord Kivu (est), fief depuis une vingtaine d'années de nombreux groupes armés. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a souhaité "un engagement ferme des rebelles du M23 à renoncer au recours aux armes". Le Mouvement du 23 Mars (M23) doit officiellement renoncer à sa rébellion dans la journée en Ouganda, pays qui assure la médiation des négociations entre Kinshasa et le M23, ouvertes en décembre 2012. Les négociations entre les deux parties n'ont que peu progressé depuis leur ouverture, jusqu'à l'offensive victorieuse de l'armée de RDC qui, fortement appuyée par une brigade d'intervention de l'ONU (Monusco), a réussi à déloger en une dizaine de jours le M23 de la totalité des positions qu'il occupait depuis mai 2012. S'agissant du devenir des rebelles du M23, que doit encadrer l'accord, le porte-parole du gouvernement congolais a précisé que leur avenir se réglerait "au cas par cas", avec sans doute une proposition à la majorité des mutins de base de réintégrer l'armée congolaise. Le destin de la centaine de "commandants" du M23 s'annonce plus compliqué, notamment celui de leur leader Sultani Makenga, accusé de massacres, mutilations, et enlèvements, et qui figure sur des listes de sanctions de l'ONU et des Etats-Unis. "Je pense que la question ne se pose même pas. (...) Il y a un mandat d'arrêt international contre Makenga", a rappelé M. Mende, soulignant que "l'Ouganda s'est engagé à ce que de telles personnes ne puissent pas bénéficier d'une protection". L'ONU assure que le mouvement était soutenu par le Rwanda et l'Ouganda, qui l'ont finalement lâché après l'intensification des pressions internationales. L'envoyée spéciale de l'ONU pour les Grands Lacs, Mary Robinson, a néanmoins estimé dimanche que le président rwandais Paul Kagame et son homologue ougandais Yoweri Museveni, qui ont toujours nié soutenir le M23, respecteront l'accord de paix signé en février par onze pays de la région. L'ONU souligne l'importance de l'accord pour la paix dans la région L'accord, que doivent signer lundi le gouvernement de la RDC et le M23 est pour l'ONU "une étape très importante" pour ramener la paix dans une région déchirée par un long conflit. "C'est un pas très important pour la paix dans la région des Grands Lacs car cela nous permet maintenant d'aller de l'avant", a souligné l'envoyée de l'ONU, Mary Robinson. Ainsi, l'armée congolaise et la brigade d'intervention de l'ONU dans la région (Monusco) "vont s'en prendre à tous les groupes armés", a-t-elle poursuivi. Le Mouvement du 23 mars est un des nombreux groupes armés sévissant dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC), riche en minéraux mais dévastée par les conflits. Désormais, a précisé l'envoyée de l'ONU, la nouvelle priorité est de vaincre les rebelles hutus rwandais des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), présents dans l'Est congolais et qui comptent dans leurs rangs des auteurs du génocide contre les Tutsi du Rwanda en 1994. Une des revendications du M23 est que soient neutralisées les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). Le gouvernement congolais, régulièrement accusé d'instrumentaliser et de soutenir les rebelles hutus dans sa lutte contre certains groupes rebelles soutenus, selon des experts de l'ONU, par le Rwanda et l'Ouganda, avait annoncé la semaine dernière que l'armée allait lancer incessamment une offensive contre les FDLR. Implanté dans l'Est de la RDC, le FDLR regroupe des extrémistes hutus dont certains ont participé au génocide rwandais qui a faits des centaines de milliers de morts, en majorité des Tutsis, en 1994.