Menées à un rythme soutenu et sans précédent à ce niveau de responsabilité, les tournées nationales du Premier ministre Abdelmalek Sellal révèlent, à bien des égards, une volonté du gouvernement en place de donner au retour progressif à la stabilité dans le pays un prolongement concret, en commençant par s'assurer sur site de la bonne marche ou non des projets de développement en cours loin de la capitale. "Après avoir tourné la page de la douleur (...), le temps est venu maintenant de réaliser, tous ensemble et avec la même détermination, le renouveau économique de l'Algérie afin de hisser notre pays au rang des nations modernes et prospères", a plaidé M. Sellal à Chlef, une région meurtrie par les années du terrorisme et qui sait en substance ce que signifient la sécurité et les opportunités de mieux-être qui vont avec. Le chef de l'Exécutif s'est prêté volontiers à l'exercice de l'innovation, par le style et le langage qui lui sont propres, mais aussi et surtout par la démarche, qui a fait qu'il réserve une de ses surprises à la lointaine Relizane où il annonce un bilan de l'action du gouvernement dans les prochaines semaines. Autre façon de faire, autre nouveauté : dans chacune de ses haltes régionales, le débat est systématiquement élargi aux principales composantes de la société civile locale en vue de solutions concertées, mieux maîtrisées et toujours plus adaptées à la nature des contraintes rencontrées. Ce qui a semblé faire la différence c'est peut-être aussi l'approche des problèmes, privilégiant tout à la fois les petites structures de proximité que les grands projets structurants, qui plus est lorsque ces derniers concernent des secteurs névralgiques mais un peu en retrait des priorités absolues de ces dernières années, à l'instar de l'enseignement supérieur, des infrastructures de santé, de l'agriculture ou encore de l'urbanisme. Les très nombreux propos et suggestions formulés dans les wilayas par M. Sellal à propos de l'université, des terres agricoles ou des hôpitaux notamment, dénotent visiblement d'une prise de conscience au sein de l'Etat de l'urgence qu'il y a aujourd'hui à opérer les nécessaires rattrapages dans des domaines où les investissements publics ont été colossaux mais n'ont pas permis d'éliminer les dysfonctionnements qui, en définitive, bloquent sinon empêchent des secteurs classés pourtant stratégiques d'avancer. L'annonce de décisions "importantes", attendue incessamment en faveur de l'université, est à tout le moins significative de cet empressement gouvernemental à remédier au malaise actuel des cadres de demain, qui décrient pêle-mêle et parfois avec véhémence, l'indigence des oeuvres universitaires, la régression de la qualité de l'enseignement et le déroulement "chaotique" des divers cursus. D'un autre côté, l'intérêt pour l'agriculture, manifesté avec insistance par M. Sellal, a connu son point d'orgue avec l'annonce, depuis Chlef, de négociations avec de "nombreux" investisseurs étrangers pour la réalisation -sans délai- de projets agricoles dans certaines régions du Sud, où des projets de nationaux sont déjà en cours, avec le recours prioritaire à la main d'œuvre locale dont on sait la difficulté à trouver du travail sur place. Dimanche, en prenant part à la célébration du 39e anniversaire de la création de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), il n'a pas manqué en outre d'annoncer de nouvelles mesures de soutien aux agriculteurs, notamment en cas de surplus de production et de chute correspondante des prix. En attendant et pour innover là aussi, le gouvernement prévoit donc de présenter un bilan de ses activités, dès le début de 2014, pour pouvoir mesurer le degré et la qualité de réalisation du programme présidentiel de relance et de soutien à la croissance, en commençant par la satisfaction des besoins essentiels des citoyens comme peuvent être le logement, l'eau ou le pouvoir d'achat. "Nous avons un programme et nous nous sommes engagés devant le Parlement et le président de la République à le réaliser dans les 48 wilayas et les 1541 communes", a souligné M. Sellal au terme de sa visite à Relizane. Le premier responsable du gouvernement n'a pas omis, à l'occasion, d'apporter à nouveau cette précision utile qui consiste à dire qu'il "n'est (donc) pas en campagne électorale" pour la présidentielle d'avril 2014 dont la proximité commande cependant, a-t-il argué, de "combler au plus vite les lacunes sur le terrain et de poursuivre le travail pour pouvoir réaliser les objectifs arrêtés".