Les menaces accentuées de sanctions ont rendu la tension extrêmement tendue mercredi entre Moscou et l'Occident au lendemain du rattachement formel de la Crimée à la Russie à l'issue d'un référendum, alors que la situation sur le terrain reste inquiétante présageant d'une "militarisation" de la crise. Face aux menaces accrues de sanctions, les relations entre Moscou et l'Occident demeurent tendues au lendemain du rattachement formel de la Crimée à la Russie. La Russie et la Crimée ont signé mardi un accord sur l'entrée de la république autonome et de la ville de Sébastopol dans la Fédération de Russie, après un référendum tenu dimanche et qui a fortement soutenu ce rattachement. La Douma (chambre basse du parlement russe) qui doit voter une loi pour approuver le décret de l'attachement de la Crimée, a déclaré mercredi par la voix de son président Sergueï Narychkine, que "la réunification de la Fédération de la Russie et de la Crimée est un événement marquant un tournant dans l'histoire mondiale". En réaction, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a accusé le président russe Vladimir Poutine de "suivre l'exemple de l'Allemagne nazie", qui avait annexé des territoires avant même le début de la Deuxième Guerre mondiale, tandis que le ministre ukrainien de la Justice Pavlo Petrenko a dit que l'"Ukraine se réservait le droit de saisir les biens de la Russie si celle-ci approuvait la nationalisation des propriétés de l'Etat ukrainien en Crimée". Pour leur part, les pays occidentaux ont décrété lundi des sanctions concernant un nombre limité de hauts responsables russes et ukrainiens pro-russes. Onze personnes sont visées selon la Maison Blanche : sept Russes et quatre personnes accusées de collusion avec la Russie en Ukraine, dont le président déchu Viktor Ianoukovitch, un conseiller, et deux dirigeants séparatistes de Crimée, Serguiï Axionov et Volodymyr Konstantinov. Dans le même temps, les ministres européens des Affaires étrangères ont pris des sanctions -restrictions de visas et gels d'avoirs- contre 21 responsables ukrainiens et russes. Par ailleurs, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius a déclaré mardi que Paris pourrait suspendre la vente de deux navires polyvalents Mistral à Moscou, aux termes d'un contrat signé en 2011. -- Sanctions "inacceptables" -- De telles sanctions sont inédites dans l'histoire des relations UE-Russie depuis le démentiellement de l'Union soviétique en 1991. Les sanctions sont "inacceptables" et auront des conséquences, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. L'option militaire exclue, les Occidentaux comptent sur l'impact d'un isolement international croissant de la Russie. Les Etats-Unis et l'UE, qui figurent parmi les principaux partenaires de Moscou, se réservent la possibilité d'imposer des sanctions économiques et commerciales. Parallèlement, Bruxelles doit dévoiler mercredi les détails de son plan d'aide d'un milliard d'euros à Kiev. Le président russe Vladimir Poutine, sorti renforcé du référendum et dont la côte de popularité en Russie a battu un record depuis sa réélection à la présidence en mai 2012, a clairement montré qu'il restait "imperturbable" face aux menaces occidentales. Selon des experts chinois, compte tenu des liens économiques et politiques étroits entre l'Occident et la Russie, l'Occident hésiterait encore à recourir à des sanctions plus importantes, une arme à double tranchant dans ce bras de fer avec la Russie. Moscou a un large éventail de contre-mesures à sa disposition si l'Occident ose lui imposer des sanctions économiques sévères puisque 40% des importations énergétiques des pays membres de l'UE proviennent de la Russie, a souligné Wu Zhenglong, chercheur à la Fondation chinoise des études internationales. L'Occident a besoin de la coopération de Moscou pour résoudre d'importants problèmes internationaux, a-t-il ajouté. -- Sur le terrain, la crise "se militarise" -- Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a estimé que le conflit en Crimée passait "de la phase politique à une phase militaire". Mercredi, des militants pro-russes, non-armés, ont occupé le siège de la marine ukrainienne à Sébastopol, en Crimée, a indiqué le porte-parole de la marine, Serguiï Bogdanov. "Ils sont environ 200, certains sont cagoulés. Ils ne sont pas armés et aucun coup de feu n'a été tiré de notre côté", a-t-il ajouté. Mardi, deux militaires ukrainiens ont été tués à Simféropol dans une tentative d'assaut contre son unité militaire, priée comme les autres unités ukrainiennes de Crimée de se rallier à la nouvelle tutelle russe ou de partir. Kiev à autorisé officiellement ses soldats encore dans la péninsule à prendre les armes pour se défendre. Par ailleurs, le président américain Barack Obama a invité les dirigeants du G7 et de l'Union européenne à se réunir la semaine prochaine à La Haye pour débattre de la situation en Ukraine et le secrétaire d'Etat John Kerry a prévenu qu'une éventuelle incursion de la Russie dans l'est de l'Ukraine représenterait un acte "scandaleux". Le vice-président américain Joe Biden poursuit de son coté mercredi à Vilnius sa tournée en Pologne et dans les pays baltes, destinée à rassurer ces pays alliés "qui s'inquiètent de l'agressivité" de Moscou.