L'étude de localisation d'un meilleur site pour la réalisation d'un nouveau port commercial entre les villes de Dellys et de Ténès est en cours de finalisation, a-t-on appris jeudi auprès d'un responsable du ministère des Transports. "Nous avons lancé une étude, qui est en cours de finalisation, entre les villes de Dellys (Boumerdès) et de Ténès (Chlef) pour localiser le meilleur site possible devant abriter le futur port commercial de la région centre", a précisé à l'APS Abdelkrim Rezal, directeur d'études au ministère des Transports. Les capacités du port d'Alger, la plus importante infrastructure portuaire du pays, vont arriver un jour à saturation c'est pourquoi les pouvoirs publics ont envisagé la création d'un "greenfield port", un espace ouvert loin de la ville, a-t-il expliqué. La majorité des ports méditerranéens sont enclavés dans un tissu urbain ce qui rend difficile leur développement, leur extension, leur décongestion et leur connectivité aux différents réseaux. "On cherche un lieu ouvert avec la possibilité de faire des extensions des côtés terre et mer", a-t-il ajouté. Le nouveau port devrait, entre autres, être doté d'un tirant d'eau profond pour accueillir des navires de dernière génération, d'espaces importants pour le traitement notamment de conteneurs ainsi d'une base logistique. Une fois cette nouvelle infrastructure réalisée, a-t-il poursuivi, certaines activités du port de la capitale seront transférées "progressivement" vers cette place portuaire. Les ports commerciaux de la Méditerranée comme ceux de Barcelone et de Marseille réorientent la destination des enceintes enclavés vers d'autres activités, principalement le transport de passagers, les navires de croisière et les espaces récréatifs pour les citoyens, a-t-il fait remarqué. La réalisation d'un nouveau port avec un grand tirant d'eau permettra l'accostage de navires de gros tonnage. Actuellement, les marchandises destinées à l'Algérie sont transbordées notamment aux ports de Giatora (Italie) et celui d'Algesiras (Espagne) car la profondeur des eaux dans la plupart des ports algériens ne dépasse pas 11 mètres, selon les professionnels du secteur maritime. Déficit dans l'infrastructure portuaire L'Algérie, qui compte dix ports commerciaux seulement, "est en déficit" par rapport aux autres pays côtiers, a-t-il estimé. Les ports nationaux de commerce ont été, pour l'essentiel, construits au cours de la période coloniale pour répondre aux besoins de développement d'un commerce orienté presque, exclusivement, en direction de l'ancienne métropole. Selon M. Abdelkader Boumessilla, consultant et ex-PDG de l'entreprise portuaire de Béjaia (EPB), l'Algérie accuse "un retard immense" dans le secteur portuaire, qui "est négligé" dans le gros effort entrepris par l'Etat ces dix dernières années. Ce retard a été accentué par les progrès accomplis au niveau des ports de commerce mondiaux au cours des vingt dernières années. "Entre 1990 et 2010, le volume des échanges mondiaux a plus que doublé, passant de 4 à 8,7 milliards de tonnes de marchandises transportés par voie maritime, ce qui a imposé un développement profond en terme d'infrastructures d'accueil, de capacité de traitement de navires au tonnage de plus en plus gros", avait-t-il fait remarquer. Cette modernisation des infrastructures s'est accompagnée d'une véritable révolution en termes de facilitation de la gestion des flux d'échanges avec l'introduction du système dit échanges de données informatisées (EDI) qui a révolutionné l'opération de dédouanement des cargaisons. Cette évolution rapide dans la gestion espaces portuaires mondiaux a" mis à nu la faiblesse et les retards des infrastructures portuaires algériennes que ce soit en termes de célérité dans le traitement des navires, de la capacité d'accueil des navires de gros tonnage ou même de la qualité de management requise pour la gestion des opérations portuaires", avait estimé pour sa part, M. Abdelhamid Bouarroudj, consultant en transport maritime. Toutefois, l'Algérie n'a pas échappé complètement à ces transformations que connaît le secteur portuaire mondial depuis une vingtaine d'années puisque un premier mouvement de démonopolisation de la gestion portuaire a été engagé au cours des années 1990, consacré par la refonte du code maritime national en 1998.