De nombreuses familles issues de quartiers populaires de la capitale sont dans l'expectative d'un éventuel relogement à la suite du séisme du 1er août dernier ayant fragilisé davantage leurs habitations, a-t-on constaté sur place. Avec près de 600 habitations précaires sur un ensemble de 1816, la Casbah est réputée pour être l'un des quartiers les plus vétustes de la capitale. Elle voit ses habitations fragilisées et ses habitants se sentir "en danger" à l'occasion de chaque catastrophe naturelle. "Venez voir dans quel état se trouve notre habitation, nous risquons d'être ensevelis à tout moment sous les décombres!", lancent quelques habitants de la vieille Médina. Dans l'une de ses venelles étroites, la rue Sidi Driss Hamidouche (ex rue de la Casbah) plus précisément, des piliers soutiennent une habitation de deux étages et ce, depuis plusieurs années: A l'instar de nombreuses autres constructions, celle-ci avait été ciblée par un projet de restauration et ce, dans le cadre d'un plan de sauvegarde de la Casbah. " La bâtisse a été affectée par le dernier séisme dans la mesure et je me demande qu'est-ce qu'ils attendent pour poursuivre sa réhabilitation"?, s'interroge Walid, à peine 14 ans mais visiblement bien préoccupé par les conséquences de la dernière secousse tellurique. "Il y a de quoi!. La plupart des maisons ici sont précaires, la nôtre a également été touchée, de nouvelles fissures sont apparues à l'intérieur et à l'extérieure des murs", poursuit-il tout en montrant du doigt les séquelles visibles depuis la rue. Résidant à la rue Rachid Khebache, un père de famille tient à montrer l'état de "fragilisation avancée" de sa vieille demeure, répartie en trois étages et de style ottoman. Des fissures profondes sont visibles le long des murs et du sol. La quantité de sable que le séisme a fait tomber et qui a été balayée était "conséquente", affirme le propriétaire qui partage son habitation avec sa mère, ses frères et leurs progénitures, ainsi que ses sœurs. Sous cette ancienne "Douera", elles sont ainsi plus de 40 personnes à se sentir dans l'insécurité et à être dans l'attente d'une éventuelle et "rapide" prise en charge. "Une équipe du CTC (Contrôle technique des constructions, ndlr) est passée au lendemain du séisme et a promis de revenir, nos maisons sont un danger pour ceux qui y habitent et pour les passants dans la rue!", s'exclame-t-il. "Il suffit que ce mur s'effondre pour qu'il y ait un effet dominant et qu'il emporte toutes les habitations mitoyennes", indique-t-il tout en pointant du doigt la maison en ruines à laquelle est adossée la sienne. Son voisin de la rue Sidi Driss Hamidouche, Mir Belkacem, juge son cas encore plus "critique" puisqu'"le plafond de l'étage supérieur est sur le point de s'effondrer" et que les "nombreuses demandes de logements n'y ont rien fait à ce jour", affirme-t-il. De nombreux autres habitants de la cité algéroise insistent pour que leur cas soit cité et affirment être tout autant dans la "détresse" que leurs voisins, "sinon davantage". Autant soutenir que les attentes de relogement, déjà importantes auparavant, ont ainsi considérablement accru depuis le 1er août dernier. Sentiments d'insécurité et de...dépit Dans le quartier de Bab-El-Oued, et non loin du lieu de localisation du dernier séisme, les complaintes des citoyens varient selon la gravité des conséquences de l'activité sismique sur leurs habitations: ceux qui relatent "juste des fissures superficielles" s'estiment "heureux" que les "dégâts" soient aussi limités. En revanche, ceux dont les constructions se sont fragilisées, se sentent de moins en moins "rassurés" et exigent des solutions plus ou moins "urgentes" à leurs situations. La famille M.A, résidant au 5 rue Maâmar Adjissa (ex-Lavoisier), s'estime en "droit" d'un relogement "immédiat". La sœur aînée en veut pour preuve l'état de dégradation de son F2, en raison notamment d'une humidité ayant accentué sa précarité. Une autre "démonstration" de la vulnérabilité du logis, aggravée par la récente activité sismique: une crevasse béante s'est creusée dans une partie du plafond de la chambre à coucher, suspendue telle une menace permanente sur la tête de ses occupants. "Vous voyez dans quelles conditions nous vivons depuis 1968, nous devions être relogés en 2003 à quelques jours du séisme de cette année et qui avait retardé notre déménagement. Depuis, nous ne faisons que patienter et attendons désespérément aujourd'hui le passage des autorités locales", déplore la résidante. Elle soutient que tout l'immeuble de 5 étages "aurait dû être évacué" puis démoli, tant il n'est plus en "état d'être encore habité", et que c'est le cas de plusieurs autres dans son entourage immédiat. Vivant visiblement dans de meilleures conditions, à la rue Boualem Medjek, la famille N.K n'en ressent pas moins un sentiment d'"insécurité" depuis vendredi dernier, si bien que la mère et les enfants ont préféré passer cette journée et celle d'après chez leurs grands-parents. "Même si l'état de vétusté de l'immeuble n'est pas visible à l'œil nu en raison des travaux réguliers de rafistolage et de renforcement que nous entreprenons, il n'en demeure pas moins que nous serions plus rassurés dans des habitations plus récentes", soutient le père de famille. De nouvelles fissures sont réapparues à la suite du dernier séisme dans certains endroits de l'appartement, ravivant ainsi le sentiment d'"inquiétude" de ses propriétaires et leur expectative d'une "solution" proche. Un carré d'appartements mitoyen à cet immeuble a été évacué et rasé à la suite du séisme de 2003, mais les débris demeurent affaissées à ce jour, accentuant l'insalubrité du quartier et le sentiment d'abandon. "Nous attendons le passage promis des autorités locales qui ont inspecté notre demeure au lendemain de la catastrophe et nous espérons que nous pourrons arriver à un compromis avec elles quant à leur offre d'indemnisation", explique le père de famille, dont la nombreuse fratrie partage le bien familial que constitue l'immeuble et l'assiette foncière le contenant. 2000 bâtisses jugées vétustes ont été recensées avant le dernier séisme par les services de la wilaya d'Alger, dans les principaux quartiers populaires de la capitale. Une nouvelle opération de recensement pilotée par la cellule de crise mise en place à la suite de la catastrophe du 1er août dernier devra définir, à terme, les constructions nouvellement ou encore endommagées par la récente activité sismique.