Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a estimé, vendredi à Bejaia en marge des cérémonies commémoratives de la Journée de l'émigration, que la répression dans le sang des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris (France) "est une abjection à faire honte à toute l'humanité". "Tortures, exécutions sommaires, noyades massives dans la seine (...), autant de crimes abjects à faire honte à l'humanité", a souligné le ministre, appelant les historiens et les chercheurs à mieux examiner cette " halte du mouvement d'indépendance nationale", qui, à ses yeux, n'a pas encore livrée tous ses secrets, notamment ceux en rapport avec la répression sauvage et les exactions, infligées alors aux militants de la fédération de France en particulier et la communauté nationale installée en France en général. Pour autant, cette halte historique, "une étape importante du combat libérateur", dira le ministre, n'a pas été vaine puisqu'elle a permis de renforcer le front intérieur, en favorisant la détermination populaire pour la poursuite de la lutte armée, mais aussi en amplifiant l'écho de la cause nationale au sein de l'opinion française et internationale. "Les manifestations ont fait l'effet d'une secousse inattendue par l'administration coloniale, prise au dépourvu par l'ampleur de la mobilisation, l'organisation, le niveau de conscience et de discipline de la communauté algérienne émigrée", a relevé M. Zitouni, qui en appelle au devoir de mémoire pour que "nul n'oublie" et "surtout pour en tirer les leçons de l'histoire". "Le 17 octobre est d'une leçon de patriotisme (à). Il faut s'en inspirer", a-t-il indiqué. Abondant dans le même sens, le secrétaire général de l'Organisation national des moudjahidines (O.N.M), Mohamed Said Abadou, a insisté sur "la mémoire nationale et sa préservation", estimant que celle-ci "doit être une source pour inspirer le développement socio-économique du pays et qui doit être à la hauteur des sacrifices consentis". Les cérémonies commémoratives, qui ont rassemblé une large frange de moudjahidine, ont été une occasion pour le ministre de passer en revue les projets inscrits à l'indicatif de son ministère, notamment, un centre de repos, en construction les pieds dans l'eau à Souk-El-Tenine, à 25 km à l'Est de Bejaia, dont la réception en 2015 est de nature à offrir de nouvelles prestations de qualité de soins et de détente. L'occasion a été opportune par ailleurs pour la mise en service d'un musée du moudjahid à Bejaia et la visite du musée du chahid d'Ifri-Ouzellaguene, qui a abrité en Août 1956 le Congrès de la Soummam historique et qui fait l'objet d'une réhabilitation et d'une étude générale pour sa transformation en complexe historique. Sa concrétisation fait l'objet de discussions multilatérales, notamment pour le montage financier requis, que d'aucuns voudraient voir partagé entre l'APW et le ministère de tutelle. Ce vendredi matin, des cérémonies commémoratives de la Journée du 17 octobre 1961 ont été organisées à Maqam Echahid de Bejaia, où une cérémonie de recueillement et de dépôts de gerbes de fleurs ont été effectuée.