Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message aux travailleuses et travailleurs algériens à l'occasion de la commémoration du double anniversaire du 24 février, dont voici le texte intégral: "Monsieur le Secrétaire général de l'Union Général des Travailleurs Algériens, Chères Sœurs travailleuses, chers frères travailleurs, Mesdames, Messieurs, En ce jour où nous commémorons deux glorieuses dates de notre histoire contemporaine : le 24 février 1956 et le 24 février 1971, je tiens à célébrer, avec l'Union Générale des Travailleurs Algériens, ses dirigeants et l'ensemble des travailleuses et travailleurs du secteur des hydrocarbures et ceux des autres secteurs d'activités de notre pays, le souvenir de ces deux grands moments qui figurent en bonne place parmi les jalons du combat libérateur et du processus d'affirmation de la souveraineté nationale. Nous célébrons aujourd'hui le 59ème anniversaire de la naissance d'un mouvement syndical authentiquement algérien, fruit d'une longue maturation, dans le sillage du mouvement national pour l'indépendance, de la conscience politique et sociale des travailleuses et travailleurs algériens, face à l'oppression politique et à l'exploitation économique du système colonial, conscience qui s'est pleinement affirmée au cours de la lutte pour le recouvrement de l'indépendance de notre pays. Nous célébrons, également, le 44ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, point d'orgue de la concrétisation du parachèvement de l'indépendance à travers la conquête de la souveraineté économique. Annoncée solennellement le jour de l'anniversaire de la création en 1956, en pleine guerre de libération nationale, de l'Union Générale des Travailleurs Algériens, cette nationalisation a exprimé l'exercice légitime d'une souveraineté nationale retrouvée grâce aux sacrifices de notre peuple et à l'engagement héroïque de ses couches laborieuses. Elle a constitué, depuis lors, un facteur majeur qui a permis de rattraper le retard économique généré par plus d'un siècle de domination coloniale et d'assurer un développement social conforme aux idéaux de la glorieuse Révolution du 1er novembre 1954. Nul ne peut contester la contribution décisive de l'Union Générale des Travailleurs Algériens dans la mobilisation des travailleurs lors de la lutte pour l'indépendance nationale et dans le processus de recouvrement du droit de propriété sur les ressources naturelles. Mesdames, Messieurs, La célébration du 24 février, cette année, intervient quelques semaines après la tenue, en janvier 2015, du 12ème congrès de l'UGTA qui a explicitement consacré sa vision fondée sur le recours privilégié à la concertation et au dialogue pour la résolution des problèmes du monde du travail et pour la promotion du bien-être social des travailleurs et leur épanouissement. Elle s'est ainsi affirmée en tant que force de proposition à travers notamment son engagement sans faille en faveur de la réhabilitation de l'outil de production national et de la promotion et la protection de la production nationale, conformément à la déclaration portant sur une nouvelle stratégie du développement industriel de l'Algérie, signée en 2013, avec sept organisations patronales. En nous référant au bilan de la nationalisation des hydrocarbures, en ce 44ème anniversaire, nous ne pouvons qu'admettre qu'il est largement positif plus de 430 découvertes de pétrole et de gaz ont été, depuis réalisées dont près des deux tiers par notre compagnie nationale. La production nationale d'hydrocarbures a plus que triplé. En matière de gaz naturel, le développement de la liquéfaction à grande échelle a permis de porter la capacité nationale à 25 fois celle de 1971. Parallèlement, de grands projets de gazoducs transcontinentaux ont été réalisés. Avec des capacités modernes d'exportation significative, notre pays dispose aujourd'hui des moyens lui permettant de conforter sa capacité de desservir de multiples marchés à travers le monde. La priorité accordée à l'approvisionnement du marché national, pour les besoins des citoyens et ceux de l'industrie, a pu trouver toute son expression dans l'électrification quasi-totale du pays et dans le raccordement au réseau de distribution de gaz naturel qui a atteint un taux de pénétration des plus importants au monde. Ce sont les revenus tirés des ressources naturelles de notre pays qui ont rendu possible une telle avancée. Le pétrole, le gaz conventionnel et de schiste, les énergies renouvelables sont des dons de Dieu. Il nous incombe de les fructifier et d'en tirer profit, pour nous et pour les générations futures, en veillant scrupuleusement à assurer la sauvegarde de la santé de la population et la protection de l'environnement. Aujourd'hui, nous pouvons en être fiers, l'Algérie a atteint et même dépassé les objectifs du millénaire des Nations Unies en matière d'accès à l'énergie, ainsi que d'autres domaines. Le niveau de la vie de l'Algérien moyen s'est sensiblement amélioré, comme en attestent l'accès au logement, à l'électricité, au gaz et à l'eau potable, et l'acquisition de biens durables et des produits de consommation courante. La valorisation des hydrocarbures a permis de mettre en place un tissu industriel en passe d'être, aujourd'hui, densifié et mieux intégré à travers la multiplication des petites et moyennes entreprises fortes créatrices d'emplois. La diversification et la compétitivité de l'économie du pays ne cesseront pas de constituer pour nous une priorité, pour exploiter tout le potentiel de croissance que recèlent plusieurs autres secteurs créateurs de richesse et d'emplois, et renforcer la résilience de notre économie notamment face à des chocs externes. En effet, nul n'est à l'abri de chocs externes, comme la chute des prix survenue sur le marché pétrolier depuis le milieu de l'année 2014. Bien que le pays dispose de moyens et d'outils pour faire face à de telles situations, le gouvernement a été instruit de prendre les mesures requises, pour en atténuer les effets, d'abord sur le processus de développement en cours et la croissance, et de réduire autant que possible les impacts sur les citoyens, notamment les couches sociales les plus exposées. Les secteurs de l'industrie, de la pétrochimie, de l'agriculture, du tourisme et des nouvelles technologies de l'information et de la communication doivent, dans ce contexte, être dynamisés. Il nous incombera de nous appuyer sur une gestion rigoureuse et prudente de nos recettes d'exportation en orientant les dépenses vers la réalisation des bases nécessaires au développement durable de notre économie et en accélérant le rythme de mise en oeuvre et d'approfondissement des réformes. Les difficultés conjoncturelles auxquelles nous sommes confrontés n'affectent en rien notre attachement permanent à la concrétisation de la justice sociale et de la solidarité nationale. Nous veillerons à poursuivre la mise en oeuvre de la politique de promotion de l'emploi, notamment en direction des jeunes, à travers le maintien et le renforcement des dispositifs de promotion de l'emploi salarié et des dispositifs publics d'appui à la création d'activités. Les programmes de réalisation de logements, toutes formules confondues, seront poursuivis à l'effet de permettre aux citoyens, notamment aux plus défavorisés, d'accéder à un logement et à des conditions de vie décentes et dignes. Il va sans dire que c'est la mobilisation de toutes nos forces vives, de l'ensemble des travailleurs et des cadres qui nous permettra, en dépit des difficultés, de poursuivre notre marche vers le progrès et le développement. Cette exigence requiert cependant des travailleurs, de tous les travailleurs, de veiller à ce que la défense légitime et vigilante de leurs droits ne s'exerce point au détriment de l'observation effective et régulière de leurs devoirs et obligations. Le développement n'a de sens que s'il contribue à améliorer les conditions de vie de la population à travers l'ensemble du territoire national, notamment de ceux qui créent de la richesse, à savoir les travailleurs dans toute leur diversité. C'est l'accès du plus grand nombre à la prospérité qui conforte notre sécurité nationale dans un environnement régional et mondial fortement perturbé et porteur de menaces. Ce contexte, chargé de risques et d'incertitudes, nous commande impérativement de consolider la stabilité du pays par une vigilance accrue contre toute menace d'où qu'elle vienne, notamment par la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé et la défense de notre économie nationale contre toute les formes de prédation et d'atteinte criminelles. L'UGTA apportera, aux côtés des autres forces vives de la Nation, sans aucun doute, sa contribution pleine et entière dans la mobilisation des capacités humaines et matérielles de la Nation pour surmonter ces défis. Le Pacte national économique et social de croissance constitue le cadre privilégié pour la conjugaison des efforts des partenaires, en vue d'une mobilisation de toutes les énergies pour promouvoir, dans un cadre consensuel, une croissance durable génératrice d'emploi et de richesse reposant sur une plus forte contribution des secteurs productifs public et privé censés, à terme, de prendre le relais du trésor public dans le financement des programmes de développement. Mesdames, Messieurs, C'est dans les moments d'épreuve et de difficulté que les nations vivantes s'aguerrissent. Elles en tirent expérience et savoir-faire pour bâtir leur avenir et s'affirmer comme acteur incontournable dans l'édification de la civilisation humaine et son évolution. L'Algérie a été éprouvée par des crises et confrontée à des défis qui ont failli avoir raison des fondements même de son Etat, n'étaient la vigilance et la cohésion de son peuple ainsi que sa mansuétude et son indulgence, quand il l'a fallu, pour sauvegarder l'unité de son peuple et garantir sa sécurité et sa prospérité. Grâce à cette vigilance sous-tendue par un génie vif et un esprit fécond, l'Algérie a su surmonter les malheurs et les épreuves et en faire un capital d'expérience d'avant-garde. Ce n'est sûrement pas par simple complaisance que les nations du monde entier, grandes et moins grandes, tiennent à être au fait de la Révolution algérienne, à en étudier les batailles dans les moindres détails, à se lier avec l'Algérie par des traités stratégiques de lutte contre le terrorisme venu frapper à leurs portes et à s'informer des mesures qui ont rendu possible la réconciliation nationale, pour s'en inspirer. Il ne s'agit point de complaisance, mais d'une considération vouée à l'Algérie, d'une reconnaissance de sa capacité non seulement à surmonter les difficultés, mais également à leur apporter les solutions idoines. A cela s'ajoute le fait qu'elle soit devenue une référence en matière de médiation et de bons offices entre les nations, un pays auquel ont recoure pour le règlement des conflits et dont la voie jouit d'autant d'audience que de respect dans les enceintes internationales. A l'heure actuelle, nous faisons face à une crise aussi grave que les crises passées, car elle menace notre économie, voire notre pain quotidien. La politique d'austérité ne sera point suffisante pour la juguler. Attendre patiemment que les prix reviennent à leur cours antérieur ne sera qu'un pis-aller éphémère, et lorsque les puits de pétrole se seront taris, la crise n'en sera que plus dure et plus cuisante. Nous n'avons d'autre moyen ou issue que de compter sur nos capacités propres, sur le labeur de nos travailleurs et la créativité de nos cerveaux. Nous devons aller de l'avant, faire preuve d'une détermination résolue, d'une volonté d'entreprendre inébranlable en vue de l'alternative aux hydrocarbures. Nous devons accorder davantage d'intérêt aux autres secteurs générateurs de richesse matérielle, culturelle ou spirituelle. Nous en sommes capables, nous le ferons, et nous réussirons avec l'aide d'Allah. Il me faut rappeler que les acquis sociaux, la réduction durable du niveau de chômage ainsi que les nombreuses réalisations socio-économiques n'ont pu être obtenus que grâce au rétablissement de la paix et à la stabilité qui ont prévalu tout au long de ces dernières années. Cette paix et cette stabilité, qui se nourrissent des efforts de chaque citoyen, ont constitué le ciment qui a permis de raffermir et de consolider l'unité de la Nation dans le cadre de la réconciliation nationale. Aussi, dois-je exhorter chaque citoyenne et citoyen, chaque travailleuse et travailleur, à œuvrer à la préservation de la paix retrouvée et chèrement acquise sans laquelle aucun développement n'est possible. Je ne conclurai pas mon propos sans rendre un hommage mérité à l'ensemble des Algériennes et Algériens qui sont engagés, corps et âme, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé, dans la bataille de construction de l'avenir économique du pays. Je ne recommanderai jamais assez de ne rien ménager pour obtenir et maintenir, pour toujours, une totale symbiose entre ces deux secteurs. L'avenir de notre pays en dépend. Je n'ai jamais douté et ne douterai jamais que toutes celles et tous ceux qui œuvrent pour sortir notre pays du sous-développement, sont capables de sauvegarder ses acquis et de parachever sa construction. Le patriotisme, la volonté qui les animent et leur sens de l'excellence guideront les efforts qu'ils continueront à déployer pour progresser, chaque jour, sur la voie de l'acquisition du savoir-faire, de la performance et de la productivité. La sauvegarde de la sécurité globale de notre pays, qui accapare tous nos efforts, suppose une mobilisation de l'ensemble de nos forces vives pour garantir notre sécurité économique. Je lance donc un appel solennel à toutes les Algériennes et à tous Algériens pour qu'ensemble nous œuvrions à la poursuite de l'édification de notre pays et à sa préservation des nuisances que génèrent les tentatives internes et externes visant à le déstabiliser. Convaincu que je suis que les travailleuses et travailleurs seront toujours à l'avant-garde, sur tous les fronts, je voudrais qu'ils sachent que je ne serai nulle part ailleurs qu'avec eux, parmi eux en première ligne".