La problématique de la restauration du patrimoine a été mise en exergue lors d'un colloque international sur "l'héritage architectural et urbain : histoire, état des lieux et devenir", ouvert mardi à Constantine. Intervenant lors de cette rencontre, initiée par le laboratoire urbanisme et environnement de la faculté d'architecture de l'université Constantine-3, le professeur Farid Ameziane, enseignant à l'université d'architecture de Marseille (France), a estimé qu'il était "important, avant d'entreprendre des projets de restauration de ce patrimoine, de posséder une connaissance approfondie des édifices devant être rénovés et de faire des recherches sur les qualités spécifiques et significatives que nous voulons conserver et améliorer". Des chercheurs, des architectes et des universitaires algériens et étrangers, venus de France, d'Espagne, du Canada, d'Iran, d'Italie et des Etats unis, ont noté la diversité du patrimoine bâti à Constantine, qui "doit être protégé contre les effets d'une urbanisation rapide et non contrôlée", ont-il souligné. En perdant leurs particularités, des villes comme Constantine risquent de perdre leurs identités, ont convenu les intervenants lors des débats, appelant à une "redéfinition du patrimoine" en rapport avec les stratégies de développement urbain, a considéré notamment Nadia Baka, enseignante à la faculté d'architecture et d'urbanisme de la wilaya de Constantine. "Conditionnée par son relief et sa situation géographique, la ville de Constantine préserve, jusqu'à nos jours, les traces de toutes les civilisations qui ont vécu sur son rocher durant les différentes périodes historiques. Cette richesse qui a ajouté de la valeur à son architecture, doit cesser d'être exposée à la dégradation", a-t-elle affirmé. "La mise en valeur du patrimoine architectural et urbain à Constantine n'a pas été pensée globalement, elle continue de dépendre d'opérations ponctuelles", a-t-elle encore souligné, préconisant une "approche globale qui tienne compte de tous les aspects du passé de la ville". "Constantine comptait, à la veille de la colonisation française, 107 édifices religieux qui étaient également des centres de culture et d'enseignement. Il faut restaurer ce qui reste de ce patrimoine prodigieux, en grande partie dénaturé par la colonisation", a souligné, pour sa part, Khadidja Boufenera, Maitre de conférences au département d'architecture de l'université Badji Mokhtar d'Annaba. "Les éléments architecturaux entrant dans la composition des mosquées historiques de Constantine reflètent l'identité de la ville", a-t-elle encore souligné, lors de cette rencontre qui a rassemblé près de 300 chercheurs algériens et étrangers.