Les anciens ministres des Finances, Mourad Medelci et Mohamed Terbache ainsi que l'ex directeur général du Trésor, Karim Djoudi,ne se sont pas présentés, mercredi, devant le juge, en tant que témoins, dans l'affaire du procès Khalifa, qui est à son 20ème jour au tribunal criminel près la cour de Blida. Les témoignages de ces trois responsables ont été lus par le juge Antar Menouar.Dans son témoignage, M. Medelci a déclaré qu'il n'avait aucune relation avec les banques et leur contrôle, après la promulgation de la nouvelle sur la monnaie et le crédit. Medelci a relevé que l'arrêté 96/22 relatif au mouvement des capitaux permettait au ministre des Finances de déposer plainte pour infraction à la législation régissant le transfert de capitaux de l'étranger et vers l'étranger. Il a aussi déclaré qu'il n'avait pas été avisé par la Banque d'Algérie,estimant que cette dernière "n'avait pas formé ses inspecteurs pour élaborer les rapports en question".Il avait par ailleurs admis "avoir reçu Abdelmoumene Khelifa en 2001 au sujet d'une banque qu'il comptait racheter en Allemagne". Le juge a lu, dans la séance de l'après midi, les procès-verbaux contenant les témoignages formulés par Karim Djoudi, en sa qualité de directeur général du trésor auprès du ministère des Finances et ayant participé dans la commission remis par la Banque d'Algérie au ministère des Finances en date du 18 décembre 2001. Pour sa part, Mohamed Terbache, a déclaré avoir reçu en sa qualité de ministre des Finances, le 18 décembre 2001, un rapport de la part de l'assistant du gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Touati Ali, envoyé au secrétaire général du ministère. "Les rapports élaborés par la Banque d'Algérie contenaient des généralités et manquaient de précision", selon le témoignage de Terbache, pour qui les rapports "sont entachés de failles étant élaborés par des agents en manque de qualifications nécessaires". Après la lecture, par le juge, des déclarations de 23 témoins dont Medelci,Terbache et Djoudi, la défense de Rafik Abdelmoumene Khelifa, menée par l'avocat Nacerdine Lezzar, a protesté le procédé, estimant que le fait de "ne pas exiger la présence des témoins n'£uvre pas pour le bon déroulement du procès". Dans sa réponse à la défense, le juge, Antar Menouar, soutenait que "le procès est légal", relevant que "la non présence de Mourad Medelci n'est pas importante, car le texte de son témoignage est suffisant pour la Cour". Concernant la contestation de la défense de l'accusé quant à l'absence de l'assistant du gouverneur de la Banque d'Algérie, Ali Touati, le juge dira que ce dernier "se présentera devant le tribunal de Blida le 2 juin". Khalifa Bank attirait des dépôts grâce aux taux d'intérêts Khalifa Bank attirait les entreprises publiques, des mutualités et des OPGI pour des dépôts d'argent grâce aux taux d'intérêts élevés qu'elle offrait comparativement à ceux pratiqués dans les banques du secteur public, ont déclaré des témoins qui ont eu à diriger ces organismes au temps de la banque privée. Se succédant à la tribune du témoignage, les DG interrogés ont estimé que les taux d'intérêts pratiqués par Khalifa Bank les ont incités à opérer des placements dans la banque privée alors que leurs entreprises sont domiciliées chez des banques publiques. La banque Khalifa offrait, selon les témoignages, des taux d'intérêts allant de 5 à 12%.Abderezak Hazebellaoui, ancien directeur de la mutualité des pétroliers a révélé, à ce propos, que son organisme "a déposé la somme de 292 milliards centimes en 2000" générant un bénéfice estimé à 49 milliards centimes que la mutualité n'a pas pu encaisser par la suite. Pour sa part, Abdelkader Mechat, directeur général de la SIA (Société d'impression d'Alger), "le choix de Khalifa Bank permettait de remédier à la santé financière déficitaire de l'entreprise", précisant que la SIA "devait payer envers le CPA une dette estimée à 70 milliards centimes". En termes de taux d'intérêts, Mechat a indiqué que ceux de la Banque Khalifa "étaient de 9% alors que ceux du CPA variaient entre 2 et 3%".De son coté, Ait Si Ali Mouloud, qui était DG de la société nationale de navigation aérienne de juillet 2000 à Novembre 2002, a affirmé que Khalifa Bank "proposait des taux d'intérêts à 12%". 17 témoins ont été entendus par le juge représentant plusieurs entreprises publiques, des mutualités sociales et des OPGI.