Les Grecs se prononcent dimanche par référendum sur le plan de sauvetage de la zone euro proposé par les institutions financières internationales à leur pays pour s'acquitter de ce qu'il doit à ses créanciers et éviter la faillite de ses banques, au moment où les sondages montrent un peuple divisé et inquiet pour un avenir incertain. Le référendum vise à répondre oui ou non aux dernières propositions financières des créanciers de la Grèce, posée le 25 juin sur la table des négociations. Ce texte est caduc, le programme d'aide à la Grèce s'étant achevé le 30 juin sans qu'un accord soit trouvé, mais M. Tsipras semble persuadé que les négociations, sur la base de l'avis du peuple, pourraient reprendre à tout moment. Mais les créanciers ont durci l'enjeu, assurant que le vote de dimanche équivalait à dire oui ou non à l'Europe, répandant la crainte parmi des électeurs déjà éprouvés par la fermeture des banques qui s'est abattue sur le pays lundi dernier, pour éviter une panique bancaire. Quelle question posée aux Grecs ? "Acceptez-vous le projet d'accord soumis par la Commission européenne, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International lors de la réunion de l'Eurogroupe du 25/06/2015 et composé de deux parties, qui constitue leur proposition unifiée,?" C'est la question à laquelle 10 millions de Grecs, inquiets pour l'avenir du pays, devront répondre par oui ("nai") ou par non ("oxi"). La consultation ne porte pas sur le maintien, ou non, de la Grèce dans la zone euro, mais bien sur les réformes proposées à la Grèce par les organisations financières internationales pour s'acquitter de ce qu'elle doit à ses créanciers et éviter la faillite de ses banques. La formulation de la question fait cependant débat au sein de la communauté internationale. Si bien que le Conseil de l'Europe a souligné que "les questions (posées) devaient être claires et compréhensibles". De plus, les textes qui détaillent les réformes proposées sont uniquement disponibles en ligne et n'intègrent pas les modifications postérieures au 25 juin telles que l'absence de coupe dans le régime des retraites. L'agence de presse américaine Bloomberg a par ailleurs révélé que la version grecque en ligne accusait des fautes de traduction altérant le sens au profit du "non". Tsipras appelle à voter en faveur du non Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a déclaré, après avoir voté au référendum, que "personne ne pouvait ignorer le message de détermination d'un peuple à prendre son destin entre ses mains". Alexis Tsipras, soutenu par son parti Syriza, appelle le peuple grec à se prononcer massivement en faveur du "non". En début de semaine, il avait pourtant laissé planer le doute quant à la tenue effective du référendum, se disant prêt à l'annuler si l'Eurogroupe répondait positivement à ses nouvelles demandes d'aides financières. Le principal parti d'opposition Nouvelle Démocratie, dirigé par l'ex-Premier ministre Antonio Samara, espère, lui, une victoire du "oui". De même que la centrale syndicale du secteur privé (GSEE) et le milieu des affaires. Du côté du reste de l'Europe, le "oui" est très largement espéré par les partenaires puisque "voter non comme le demande le Premier ministre grec, c'est dire non à l'Europe", a déclaré Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Ce que prédisent les instituts de sondage Visiblement décidé à chasser l'anxiété des indécis -- plus de 10% des électeurs -- à aller du côté du non, alors que oui et non sont au coude à coude dans les sondages, montrant un pays coupé en deux. A la veille du référendum, le résultat du scrutin est plus qu'incertain. Avant l'introduction du contrôle bancaire lundi dernier, le premier sondage réalisé par ProRata donnait le "non" gagnant à 57% contre 30% pour le "oui". Après la fermeture des banques, le "non" ne devançait plus le "oui" que de 46% contre 37% dans un sondage publié mardi. Le dernier sondage réalisé par l'Institut Alco a révélé samedi une légère avance du "oui" : 44,8% contre et 43,4% pour le "non". Les résultats de cette dernière étude sont cependant à relativiser puisqu'un autre sondage réalisé cette fois par l'Université de Macédoine a dévoilé au contraire que le "non" arrivait toujours en tête avec 43% des voix contre 42,5% pour le "oui". Quelles seraient les conséquences du "non" ? Le Premier ministre grec affirme que le "non" permettra de "retrouver la voie d'une Europe sociale" puisqu'il offrira un pouvoir de négociation plus important à la Grèce. Le gouvernement Tsipras soutient que l'Europe et le FMI n'auront d'autres choix que de faire des propositions plus favorables au peuple hellène. Si les Grecs venaient à voter "oui" les négociations reprendraient immédiatement avec les partenaires européens avant la date butoir du 20 juillet, date à laquelle la Grèce doit rembourser 3,5 milliards d'euros à la BCE. Il faudrait cependant que le Bundestag avalise le principe même d'un troisième plan d'aide à la Grèce, dont il faudrait négocier les modalités pendant des semaines, ce qui rendra indispensable un financement d'urgence avant le 20 juillet. Le "oui" marquerait également le début d'une crise politique en Grèce. Le ministre des Finances Yanis Varoufakis a d'ores et déjà annoncé sa démission si le "oui" l'emportait. Pour Tsipras ce serait évidemment un désaveu. Le gouvernement pourrait difficilement rester au pouvoir et se serait susceptible de convoquer de nouvelles élections... que Syriza pourrait de nouveau gagner selon des sondages!. Certains commentateurs imaginent également la formation d'un gouvernement d'union nationale qui rassemblerait Nouvelle Démocratie, les centristes du Potami ainsi que les socialistes du Pasok, voire des membres de Syriza.