L'opposition burundaise a déclaré dimanche que les conditions ne sont toujours pas réunies pour le déroulement du scrutin présidentiel, prévu le 21 juillet, dans de bonnes conditions, soulignant qu'elle ne s'apprête pas à y participer. Le porte-parole de la coalition des Indépendants Amizero y'Abarundi, François Bizimana, a évoqué le manque de consensus sur cette date. "La date du 21 juillet ne nous avance pas dans beaucoup de choses parce que le Sommet de Johannesburg en Afrique du Sud a très bien précisé que le calendrier électoral doit être fixé par consensus par les parties prenantes aux élections", a-t-il souligné, précisant qu'"il n'y a pas eu de consensus autour de cette date." "Nous ne voyons donc pas comment on pourrait répondre à un rendez-vous que nous ne connaissons pas", a expliqué M. Bizimana. Il a, en outre, accusé le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni qui n'"a pas encore réuni toutes les parties prenantes à ces élections pour écouter les points de vue des uns et des autres." "Le président Museveni a été désigné pour assurer la médiation entre les parties prenantes. Jusqu'aujourd'hui, il ne les a pas encore réunies. Nous ne voyons donc pas comment on peut fixer cette date sans n'avoir pas écouté l'opposition et sans avoir participé à la facilitation qui a été confiée au président ougandais", a ajouté le porte-parole des Indépendants Amizero y' Abarundi. Le 3ème sommet de la Communauté est-africaine (EAC) sur la crise burundaise, tenu le 6 juillet à Dar es Salaam en Tanzanie, a invité le Burundi à tenir l'élection présidentielle le 30 juillet, au lieu du 15 juillet, pour que les deux parties en conflit puissent trouver un consensus, et a désigné le président ougandais Yoweri Museveni comme nouveau facilitateur pour mettre fin à la crise burundaise. Quant au parti au pouvoir, le CNDD FDD, qui a désigné le président Nkurunziza comme son candidat à l'élection présidentielle, il a remercié le gouvernement qui a été reporté au 21 juillet ce scrutin, ce qui respecte, selon le CNDD FDD, la Constitution et les propositions de l'EAC. "Ceci respecte effectivement ce qu'a recommandé le Sommet de la Communauté est-africaine (...). En regardant ce qui est dans notre Constitution, il serait difficile pour le gouvernement d'aller jusqu'au 30 juillet", a déclaré le président du CNDD FDD, Pascal Nyabenda. Il a invité les partis de l'opposition à commencer leur campagne électorale et à "travailler au grand jour pendant cette semaine qui vient d'être ajoutée pour montrer qu'ils ont participé effectivement aux élections". Le Burundi est plongé dans une crise politique depuis fin avril et la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel par l'opposition. Cette crise a fait plus de 70 morts et a poussé quelque 140.000 Burundais à se réfugier dans les pays voisins. La communauté internationale juge que le climat actuel au Burundi ne permet pas des élections crédibles.