La journée de vendredi a été très ardue pour les délégués des 195 pays, réunis dans le but de présenter une première mouture de l'accord à la réunion des ministres qui doit prendre le relais samedi au Bourget (Paris). Les délégués ont entamé leurs travaux avec deux textes : un nouveau projet de texte de négociation et une version incluant des options de compromis, afin de contenir le maximum de divergences et permettre à l'aboutissement à un accord, mais aucune information n'a filtré sur ces négociations qui semblent buter en fin d'après-midi. De «fortes» divergences entre les Parties sur certaines questions, notamment celle financière, ont été enregistrés durant les pourparlers, selon des indiscrétions, mais les négociateurs semblent décidés à obtenir autant que possible de compromis pour les mettre sur la table de la réunion ministérielle. L'heure des compromis Le deuxième texte renferme un nombre de «potentiels» comprend, intitulé «Bridging proposals» (document de rapprochement) sur des questions cruciales comme les grosses pertes et les dommages causés par le dérèglement climatique, notamment pour les pays en développement. «Ces propositions pourraient fournir une voie à suivre pour le développement et les pays développés d'atteindre un terrain d'entente», estime-t-on au Bourget. Le document, qui a été simplifié, devra donner aux ministres un outil technique «efficace» pour qu'il puisse faire avancer les négociations et travailler sur les aspects politiques de l'accord qui sont «complexes», ajoute-t-on. L'Algérien Ahmed Djoghlaf, qui co-préside les débats, a souligné que «le temps des compromis est venu», exhortant les délégués à donner «le meilleur» d'eux-mêmes dans les prochaines 24 heures et à prendre les «bonnes décisions». Selon toujours des indiscrétions, l'ambiance était tendue, vendredi, entre les délégués des deux camps (les riches et les pauvres). Les représentants des pays en développement ne sont pas encore assurés qu'ils obtiendront le soutien financier nécessaire dont ils ont besoin pour pouvoir s'adapter aux conséquences du changement climatique, sur lequel ils ne sont nullement responsables. «Ca passera ou ça cassera sur la question des financements», a averti jeudi l'ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko, présidente du G77 + la Chine. Le groupe a réclamé des financements pour payer leur transition vers les énergies vertes, pour s'adapter aux conséquences des changements climatiques (digues, alerte météo...), et compenser les dommages subis. A rappeler que 10 % des habitants les plus riches de la planète «sont responsables de plus de la moitié des émissions de CO2, alors que la moitié la plus pauvre du globe n'est responsable que de 10 % des rejets polluants. Les pays vulnérables exigent des garanties sur le financements C'est dans ce contexte, que les pays les plus vulnérables exigent des pays industrialisés des garanties sur les financements, déjà promis jusqu'en 2020, qui devront en 2015 atteindre 100 milliards de dollars et connaître, après 2020, une augmentation conséquente. Les pays développés souhaitent, pour leur part, que les pays émergents participent à cette aide financière, mais pour l'instant aucun compromis sur cette question n'a été trouvé. Par ailleurs, un millier de maires du monde entier se sont réunis vendredi à la marie de Paris, en marge de la COP21, pour sortir avec un engagement sur un objectif de 100 % d'énergies renouvelables dans les villes d'ici à 2050. L'autre objectif est de réduire de 3,7 gigatonnes les émissions annuelles de gaz à effet de serre dans les zones urbaines d'ici à 2030. Dans cette optique, selon des experts, les chefs locaux prendraient, à leur charge, 30 % de l'écart entre les engagements actuels pris par les Etats et le niveau d'émission recommandé par les scientifiques pour ne pas dépasser l'objectif d'un réchauffement de la planète de 2 degrés. A l'ouverture des travaux, l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, envoyé spécial de l'ONU pour les villes et le changement climatique, a affirmé que les collectivités locales ont «le pouvoir d'agir», relevant qu'environ 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont issues des zones urbaines, où vivent 50 % de la population mondiale. Dans son intervention, le président français, François Hollande, a tenté de son côté de rassurer les pays en développement en estimant que le futur accord devrait spécifier les «moyens» financiers permettant «la redistribution, la lutte contre les inégalités, la lutte contre la pauvreté». Samedi, Action Day En tout cas, les exigences des pays en développement, qui n'ont pas encore reçues d'engagements fermes de la part des pays riches, seront au centre des débats d'une semaine des ministres qui prendront samedi le relais des négociations, au même jour où des parlementaires de 167 pays tenteront d'apporter, au cours d'une réunion à Paris, de l'eau au moulin du futur accord de la COP21. La journée de samedi sera également celle d'Action Day qui regroupera plus de 50 personnalités, venues du monde entier et mobilisées dans la lutte contre les changements climatiques. Cette Journée de l'Action, indique un communiqué de presse diffusé vendredi soir, est «le point d'orgue» d'une mobilisation internationale «sans précédent» des acteurs non étatiques (entreprises, collectivités locales, organisations internationales, centres de recherche, etc.) depuis plus d'un an. Action Day vise à mettre en avant certaines de ces initiatives et engagements de «grande ampleur» en valorisant celles et ceux qui agissent, explorent, entreprennent et avancent vers un monde bas carbone et plus résistant aux effets des dérèglements climatiques.