La version finale de l'accord sur le réchauffement climatique sera finalement présentée samedi au lieu de vendredi comme il était convenu par la présidence française de la conférence mondiale sur le réchauffement climatique (COP21) qui a décidé d'un extra time, une journée supplémentaire, pour tenter de rapprocher encore les positions restées opposées. "Nous préférons nous donner le temps de consulter les délégations tout au long de la journée" de vendredi, a expliqué le président de la COP21, Laurent Fabius, ajoutant que le texte d'accord "sera présenté samedi matin tôt pour une adoption à la mi-journée". "Les choses vont dans le bon sens", a-t-il voulu rassurer les médias présents au Bourget, lieu du déroulement de cette conférence depuis le 30 novembre dernier, ajoutant qu'à l'issue de ses consultations, il sera "en mesure" de présenter, samedi matin, à l'ensemble des parties, un texte qui, "j'en suis sûr, sera approuvé et sera un grand pas en avant pour l'ensemble de l'humanité". Pour sa part, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a avoué qu'il y a toujours des sujets "très difficiles" sans pour autant laisser filtrer des détails. A l'issue de sa rencontre avec Laurent Fabius, il a indiqué qu'il y a eu "beaucoup de progrès", mais "il y a toujours un ou deux sujets très difficiles sur lesquels nous travaillons". Dans le même cadre, le président américain Barack Obama a eu vendredi un entretien téléphonique avec le président chinois Xi Jinping. "A l'approche de la fin des négociations à la conférence de Paris, la Chine et les Etats-Unis doivent renforcer leur coordination avec toutes les parties et déployer des efforts communs pour s'assurer" que la COP21 "parvienne à un accord comme prévu", a déclaré le président chinois, cité par son ministère des Affaires étrangères sur son site internet. Pour sa part, la Maison-Blanche a fait savoir que les deux chefs d'Etat sont "déterminés" à aboutir à un accord "ambitieux" sur le climat. "Les deux dirigeants ont estimé que la conférence de Paris était un moment crucial pour galvaniser les efforts dans le monde entier afin de relever le défi du changement climatique", a indiqué vendredi la Maison-Blanche, après l'entretien téléphonique. A signaler que la Chine et les Etats-Unis sont les deux principaux pollueurs de la planète, la Chine à elle seule étant à l'origine de près du double des émissions de Co2 des Etats-Unis. Durant toute la nuit de jeudi, les délégués des 195 pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur le climat, ont tenté de trouver des compromis pour une nouvelle mouture du texte de l'accord qu'il soit acceptable par tous. Selon des informations au Bourget, les pays en développement campent sur leur position principale relative aux efforts, notamment financier, que doivent fournir les pays industrialisés pour qu'ils puissent faire face aux conséquences du réchauffement climatique. Ces clivages ont immergé au dernier tournant décisif de l'accord, alors que tout le monde, au début de la conférence, donnait l'impression, à travers les discours et déclarations, d'être convergeant sur la nécessité de parvenir à un accord "ambitieux, "juste", équitable" et "acceptable" par tous. Le projet d'accord, présenté tard jeudi, laisse ouverts les trois sujets les "plus complexes", selon Laurent Fabius, à savoir la "différenciation" (responsabilité commune mais différenciée des Etats), les "financements" et "l'ambition". En ce qui concerne le caractère ambitieux de l'accord, le texte fixe un objectif de réchauffement de la planète bien en-deçà de 2°C par rapport au niveau pré-industriel. Il prévoit également la poursuite des efforts pour limiter la hausse à 1,5°C, revendication d'une centaine de pays, notamment des pays les plus vulnérables tels ceux insulaires. Sur le plan financier, le projet mentionne que 100 milliards de dollars par an, promis par les pays riches aux pays en développement d'ici à 2020, est un "plancher". Encore une fois, la nuit de vendredi risque d'être longue pour que les ministres, délégués et négociateurs, soient au rendez-vous samedi avec le projet d'accord sur qui tous les regards sont rivés. Du côté de la présidence de la conférence, la France, même si l'accord se fait attendre, l'optimisme est maintenu pour un double objectif : la réussite de la conférence et l'aboutissement d'un accord qui fera date. La France, estime-t-on dans la classe politique, n'est pas prête à brader un accord "uniquement pour avoir une belle communication samedi".