Le ministre de l'Industrie et des mines, Abdeslam Bouchouareb, a estimé que la loi de finances 2016, qui introduit de nouvelles dispositions dans le secteur économique, constituait une "révolution" dans l'industrie nationale. Dans la LF 2016, "une révolution, et je pèse mes mots, est faite en ouvrant le droit de la promotion industrielle aux privés pour aménager et gérer des zones industrielles sur des terrains qui leur appartiennent", a souligné M. Bouchouareb dans un entretien accordé au journal L'Expression."Nous construisons progressivement un marché du foncier industriel. A partir de juin 2016, nous ne parlerons plus de ce problème. A court terme, ces mesures sont en train de produire un formidable effet de confiance que nous allons confirmer en continuant à réformer. C'est comme ça que nous fabriquons l'avenir", a expliqué le ministre. Parmi les grandes réformes, qui devraient aboutir en 2016, M. Bouchouareb cite la nouvelle loi sur la normalisation, le nouveau Code des investissements ou la loi d'orientation sur les PME. Ces réformes "structurelles" joueront pleinement à un horizon de 2 à 4 ans, a-t-il avancé, en ajoutant que pour accélérer leurs effets, il est tout à fait normal de les accompagner de mesures conjoncturelles de soutien à l'investissement comme celles contenues dans la LF 2016. Interrogé sur l'article 66 de cette loi liée à l'ouverture du capital des entreprises publiques, M. Bouchouareb a précisé que cet article est une transposition de l'article 62 de la LFC 2009. Jusqu'à la date de publication de la LFC 2009, l'ouverture du capital des EPE était régie par l'ordonnance n° 2001-04 du 20 août 2001 relative à l'organisation, la gestion et la privatisation des entreprises publiques économiques, a-t-il rappelé. En dépit de la disposition prévoyant la fixation par un cahier des charges des droits et obligations du cédant et de l'acquéreur, "ce dispositif pêchait par l'absence de mécanismes permettant au cédant de contraindre le cessionnaire à respecter les obligations souscrites, notamment celles liées à l'obligation d'investissement, de maintien de l'activité et de conservation des effectifs, explique le ministre", a-t-il noté. Cette lacune, poursuit-il, a été corrigée par la LFC 2009 qui a supprimé la cession totale des EPE. La fraction du capital à conserver par le cédant au national résident ne peut être inférieure à 34% avec possibilité de cession, décidée par le Conseil de participation de l'Etat (CPE), de cette participation minoritaire à l'issue d'un délai de 5 ans après assurance du respect des obligations mises à sa charge par le contrat de cession. "Ce sont ces modalités d'ouverture du capital des EPE à l'actionnariat national résident qui ont été transposées du code des investissements vers la LF 2016", affirme le ministre. "La loi algérienne ne parle plus de privatisation, mais d'ouverture de capital. Il faut à un moment arriver à comprendre qu'indépendamment du détenteur du capital, l'important c'est la valeur ajoutée créée", relève M. Bouchouareb. Le ministre voit dans cet article 66 un moyen pour aider l'entreprise publique à mieux s'intégrer à la concurrence globale."Pour moi, le projet industriel et technologique bénéficie de la primauté. L'ouverture du capital, à l'inverse des premières privatisations, n'est pas une fin en soi", a-t-il dit. Dans ce cadre, il a avancé qu'un un bilan exhaustif de toutes les privatisations effectuées avant 2009 était en cours d'élaboration. "Nous en dévoilerons les conclusions en temps voulu et croyez-moi je n'hésiterai pas à mettre chaque repreneur devant ses responsabilités. Il y a des engagements souscrits et nous devons introduire cette culture de la redevabilité", a-t-il affirmé. Par ailleurs, M. Bouchouareb a indiqué que le secteur public industriel et le secteur minier ont enregistré une croissance de 5,7% et 5,9% respectivement au premier semestre 2015. "Nous avons mis tous les moyens à la disposition des nouveaux groupes, à commencer par les plans de développement, l'alignement de la rémunération des managers, la dépénalisation de l'acte de gestion, l'indépendance de décision vis-à-vis de la tutelle et la libération du code des marchés publics", a-t-il soutenu. Abordant l'industrie des véhicules, M. Bouchouareb estime qu'elle est une industrie encore "naissante" et un élément structurant dans le développement de la mécanique de manière générale. "Nous avons Renault qui active déjà, Peugeot bientôt suivi de Fiat et Iveco. Le japonais Nissan arrive, le coréen Hyundai pour le montage de camions à Batna est très avancé. Il y a un constructeur soutenu par l'Etat chinois qui vient. Récemment aux Etats-Unis, j'ai discuté avec les dirigeants de Ford et de General Motors. J'ai récemment eu l'ambassadeur d'Allemagne qui m'a parlé d'un intérêt de Volkswagen sous une forme qui reste encore à définir. Globalement, les choses évoluent dans le bon sens'', considère-t-il. A ce propos, il a avancé que l'objectif d'ici deux ans est d'atteindre les 200.000 unités.