Le bilan du Maroc en matière du respect des droits de l'homme a été marqué en 2015 par un recul dans plusieurs domaines, affirme l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) dans son rapport annuel publié mercredi. "En 2015, le bilan du Maroc en matière de droits humains a été marqué par un recul dans plusieurs domaines", a relevé cette ONG dans son rapport 2016 sur les droits de l'homme. Au Maroc, les autorités ont interdit des événements organisés par l'Association marocaine des droits Humains (AMDH), ont mis cinq activistes en accusation pour "atteinte à la sûreté intérieure" après l'organisation d'un atelier sur le journalisme citoyen, a encore relevé cette ONG, dont le siège est basé à Washington. HRW a également dénoncé les actes de tortures commises au Maroc qui tarde à mettre en place un mécanisme de protection nationale, prévu dans le cadre du Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies contre la torture et qui permet l'inspection des lieux de détention. L'ONG a précisé à ce titre que la France, "proche allié du Maroc", s'est abstenue de toute critique publique relative aux violations de droits humains dans ce pays. Elle a estimé que l'amendement de l'accord de coopération judiciaire entre les deux pays, opéré dernièrement, conduirait à protéger les responsables marocains de la justice française. Pour rappel cet accord qui prévoit un transfert réciproque des plaintes judiciaires entre les tribunaux des deux pays, a été suspendu en 2014 par le Maroc après qu'une juge d'instruction française ait convoqué un commandant de police marocain lors de son passage en France sur la base d'une plainte déposée par une victime pour complicité de torture. Dans son rapport, HRW a en outre relevé que les autorités marocaines ont systématiquement interdit les manifestations des militants pour l'indépendance du Sahara occidental occupé par le Maroc, en signalant que les grâces royales accordées pendant l'année 2015 n'ont concerné aucun des nombreux sahraouis condamnés durant les années précédentes dans des procès inéquitables. L'ONG américaine a déploré à ce titre le non élargissement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) à la surveillance du respect des droits de l'homme au Sahara occidental, en indiquant que le Maroc a procédé à l'expulsion de plusieurs ressortissants étrangers qui se trouvaient dans les territoires sahraouis occupés dans le cadre de missions d'enquête. Ces ressortissants étrangers sont pour la plupart des citoyens européens qui soutenaient ouvertement l'autodétermination du peuple sahraoui. "Les restrictions imposées aux groupes nationaux et internationaux de défense des droits humains ont été renforcées durant l'année dernière", s'est-elle indignée.