La grande bataille de Souk Ahras, dont le 58ème anniversaire sera commémoré mardi, constitue, sans conteste, un symbole de l'unité nationale et un pan des lourds sacrifices consentis par le peuple algérien durant sa glorieuse Révolution (1954-1962), estiment des moudjahidine et des historiens. Cette bataille, ayant duré une semaine, avait débuté de la région d'Ouilane, du côté de Souk Ahras le 26 avril 1958 pour s'étendre vers les hauteurs de Hammam N'bails, dans la wilaya voisine de Guelma. Elle avait brisé l'arrogance du colonisateur français et déjoué ses plans pour séparer les zones frontalières des zones intérieures en dépit de l'utilisation des armes les plus puissantes et même celles interdites par les conventions internationales telle que Napalm. Pas moins de 639 martyrs combattant de l'Armée de libération nationale (ALN) tombèrent au champ d'honneur durant cet âpre engagement qui a aussi fait 300 morts et plus de 700 blessés parmi les troupes de l'armée coloniale française, dans une bataille toujours vive dans la mémoire de ceux qui ont vécu l'événement. Selon des sources historiques, le site de la bataille, ardu et très difficile d'accès, avait rendu pénibles les déplacements des combattants de l'ALN. Ce qui contraignit le commandement du 4ème bataillon de l'ALN basé près de Sakiet Sidi Youcef (Tunisie) à franchir la ligne électrifiée Morice, près de Dehaoura du côté de Guelma, pour expédier des armes et des équipements à la wilaya II historique. La découverte par les forces d'occupation, le 26 avril 1958, de cette tentative d'approvisionnement des maquis en armes et en munitions a déclenché la grande bataille de Souk Ahras. Selon l'universitaire Djamel Ouarti, la bataille qui avait eu lieu au milieu d'une région montagneuse et difficile d'accès où une savane boisée alterne une vallée enchâssé par de très haute montagne, est l'une "des plus grandes batailles" de la Guerre de libération, soulignant que les armes qui ont été utilisées équivalent à la "bataille des plus grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale". L'armée coloniale y avait engagé ses unités d'élite les plus aguerries, dont les 9ème et 14ème régiments de parachutistes, les 8ème et 28ème régiments d'artillerie et les 26ème, 151ème et 152ème régiments d'infanterie mécanique, dont la plupart des soldats et des officiers avaient pris part aux deux Guerres mondiales et à la guerre d'Indochine, a ajouté l'universitaire. En face, se sont dressées, a précisé M. Ouarti, les unités de l'ALN composées du 4ème bataillon commandé par le moudjahid, feu Mohamed-Lakhdar Sirine et ses adjoints, Ahmed Draia et Youcef Latreche, ainsi que plusieurs katibas chargées de transporter des armes vers les maquis de Taher (Jilel), et des régions de Mila et de Skikda. L'affrontement rapporté par la Dépêche de Constantine La Dépêche de Constantine (quotidien colonial remplacé après l'indépendance par An-Nasr, NDLR) avait évoqué, le 1er jour de la bataille, tout en minimisant les chances des combattants de l'ALN de franchir la ligne Morice, et soulignant que les forces françaises œuvraient à intercepter la tentative de franchissement. Deux jours après, le même quotidien change de version et évoque les ‘franchissement réussi de l'ALN' et ‘les affrontements féroces près de Souk Ahras', indiquant que les combats ‘impitoyables' engagés ont même fini par des corps à corps et à des accrochages à l'arme blanche", a tenu à préciser M. Ourti. Le journal qui avait fait état "d'armes récupérées par l'armée française" s'est, toutefois, gardé de mentionner les pertes humaines subies par les forces coloniales, a-t-il appuyé. Une belle leçon de lutte à transmettre aux jeunes Selon le moudjahid Hamana Boulaâras la première "étincelle" eut dans la région de Zaârouria, plus précisément au site montagneux d'Oued Chouk, lorsque des troupes du 4ème bataillon de l'ALN ont tenté de forcer la ligne électrifiée Morice, à partir d'Ain Mazer près de Sakiet Sidi Youcef. Pour ce moudjahid de la première heure, les générations montantes "doivent savoir qu'elles ont un passé glorieux, dont elles peuvent légitimement s'enorgueillir". Le Pr Athame Menadi de l'université de Souk Ahras a estimé que 54 ans après l'indépendance, la bataille de Souk Ahras, une des plus grandes batailles de la guerre de Libération nationale demeure "un sujet de recherche passionnant" pour mettre la lumière sur un fait historique particulier, appelant tous ceux qui peuvent enrichir ce chapitre de la mémoire collective à apporter leur témoignages. La grande bataille de Souk Ahras, un autre combat sur la voie de la liberté, a prouvé au monde comme aux forces coloniales, que la lutte menée par les Algériens à cette époque, n'était nullement l'affaire d"un petit groupe isolé", mais cette de tout un peuple, décidé à retrouver sa liberté.