Les ministres de l'Intérieur des Etats membres de l'Union européenne (UE) ont convenu, vendredi à Bruxelles, de la nécessité de mettre en place "un frein d'urgence" permettant la suspension, en cas de nécessité, de l'exemption de visas accordée à certains pays. Ce nouveau dispositif, réclamé depuis quelque temps par l'Allemagne et la France, permettra la suspension rapide du régime de libéralisation des visas accordée à un pays tiers si une des conditions de l'application de ce régime n'est plus remplie, a expliqué la Commission européenne. Détaillant les motifs d'une suspension urgente de l'exemption des visas, la Commission européenne a cité "un afflux massif des ressortissants de pays tiers qui ne respectent pas la durée de leur court séjour sans visa" et "le non-respect des engagements en matière de réadmission des migrants irréguliers" arrivés dans l'UE en passant par l'un des pays bénéficiant de l'exemption de visas. "Nous avons besoin de ce frein d'urgence pour s'assurer qu'il n'y aura pas d'abus", a justifié le ministre néerlandais des migrations, Klaas Dijkhoff, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE. Ce mécanisme "n'est pas dirigé contre tel ou tel Etat, mais c'est tous les pays bénéficiant du régime de libéralisation de visas qui sont concernés", a tenu à souligner, de son côté, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière. La Commission européenne s'était prononcée, il y a quelques jours, en faveur d'une exemption de visas, sous conditions, pour les Turcs voyageant en Europe, dont Ankara fait une condition pour continuer d'appliquer son accord migratoire avec l'UE. La Turquie a fait monter la pression sur cette question, menaçant de remettre en cause son pacte du 18 mars avec l'UE, prévoyant le renvoi en Turquie de tous les nouveaux migrants arrivant sur les îles grecques, y compris les demandeurs d'asile. En plus de la Turquie, l'Ukraine, la Géorgie, la Moldavie et le Kosovo pourraient également obtenir prochainement une exemption de visas pour leurs ressortissants d'où une crainte diffuse dans l'UE. Face aux inquiétudes dans l'UE, la Commission européenne a accédé aux demandes de Paris et Berlin de mettre en place un "frein d'urgence" pour rassurer les pays craignant le déclenchement d'un nouvel afflux migratoire.