Les experts internationaux en cybersécurité ont souligné mardi à Alger la nécessité d'une coopération véritable, entre les Etats, qui favorise la mise en place d'une stratégie unifiée de lutte contre la cybercriminalité. Lors d'une séance débat dans le cadre du séminaire international sur la cybercriminalité, les experts ont mis en avant l'impératif, pour les Etats, de transcender leur divergences et d'œuvrer de concert dans le sens d'une convention internationale sur la lutte contre la cybercriminalité qui nuit aux individus, aux entreprises et aux Etats. Le colonel Djamel Benredjem, de la gendarmerie nationale, a considéré, qu'en dépit de la gravité des crimes cybernétiques et leur caractère complexe, la coopération internationale pour la lutte contre ce phénomène n'a pas encore atteint le stade permettant la mise en place d'une stratégie unifiée dans un cadre légal commun. Le représentant de la gendarmerie nationale a imputé cette lenteur à la difficulté de réunir Politiques, législateurs et économistes autour d'une même table du fait du conflit d'intérêts. Il a évoqué l'émergence d'une nouvelle course d'armement portant ces dernières années sur la maîtrise des technologies numériques qui génèrent de gigantesques profits à des entreprises de la taille de Google et Facebook et bien d'autres. Cet état de fait a entravé les efforts visant un accord entre les parties autour d'une stratégie unifiée de lutte contre la cybercriminalité, a-t-il dit. En Algérie, a ajouté M. Benedetti, la tendance haussière des crimes électroniques ayant accompagné l'avènement du numérique est à l'origine de la création récente de l'organe national de prévention et de lutte contre les infractions liées au TIC , impliquant différents secteurs. Le pays a ratifié également les conventions arabe et africaine de lutte contre la cybercriminalité dans une démarche visant à renforcer la coordination entre les Etats parties dans la lutte contre ces activités illicites, a-t-il encore rappelé. Pour sa part, le général d'armée Marc Watin-Augouard (France) a considéré impérieux de créer un climat de confiance entre les Etats et les entreprises agissant dans le domaine de l'Internet. Le représentant de l'OTAN, le général d'armée Jean Paul Paloméros, a préconisé une définition du concept de souveraineté au regard du caractère transnational de ces crimes. Les 28 pays de l'OTAN bien que partageant les mêmes valeurs et objectifs n'arrivent toujours pas a un accord dans le domaine de la cybersécurité en raison de leur intransigeance dans la définition du concept de souveraineté, a argué le responsable. L'expert Bachir Halimi, (Canada) a fait remarquer que les géants de l'Internet contrôlaient aujourd'hui le quotidien et les relations des individus obligeant gouvernements et Etats à tenir compte de leur poids et de leur influence. Selon lui, les Etats "doivent assumer leur responsabilité et faire face à ce fléau notamment à travers une coopération internationale multiformes. D'avis contraire, Marc Tejtel (USA) a estimé que ces entreprises "mêmes si parfois se rendent coupables d'un manquement aux règles d'éthique, sont elles aussi victimes de ces crimes". Le crime cybernétique a affecté l'an dernier 500 millions de personnes, a-t-il avancé citant une étude onusienne. Les travaux du séminaire se poursuivent en ateliers à huis clos pour plancher sur différents axes liés au thème de la rencontre notamment "le cyberespace, nouvelle dimension de sécurité nationale", "politiques nationales de cybersécurité" et la sécurité des infrastructures sensibles".