L'émissaire de l'ONU en Libye, Martin Kobler, a annoncé le début, après l'aïd, d'une nouvelle phase de la mise en œuvre de l'accord politique en Libye, qui consiste notamment en la rédaction d'une constitution et l'organisation de nouvelles élections en vertu de l'accord. Après la formation d'un gouvernement d'union nationale (GNA), clause clé de l'accord politique en Libye, les parties libyennes engagées dans les négociations interlibyennes, doivent s'attaquer à une nouvelle phase de l'accord soutenu par la communauté internationale, a indiqué l'émissaire de l'ONU, Martin Kobler. M. Kobler qui effectuait dimanche soir une visite à Tripoli en compagnie d'une délégation italienne, a appelé à "la cessation des hostilités à Benghazi et au rétablissement du dialogue en vue de recouvrer la paix". Les conditions de sécurité à Tripoli et ses environs sont restées "plus ou moins satisfaisantes" après l'arrivée le 30 mars par la mer des nouvelles autorités dans la capitale libyenne où il a eu un entretien "excellent et constructif" a-t-il affirmé, avec le vice-président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union libyen Fethi al Medjbari, en plus de ses rencontres avec des membres du parlement libyen reconnu. Vendredi dernier, les forces du GNA ont annoncé avoir repris un quartier important du centre de Syrte, fief du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) dans le centre-nord de la Libye, qu'elles tentent de reconquérir. "Nos forces ont pris le contrôle total du quartier dit "des 700" et avancent vers l'hôpital Ibn Sina et le périmètre (du centre de conférence) Ouagadougou", où les terroristes ont installé leur centre de commandement, a indiqué le centre de presse des forces loyales au GNA. Des progrès politiques Outre les progrès sur le plan sécuritaire, le GNA compte à son actif plusieurs succès d'ordre politique, le denier en date est lié à la réunification de deux institutions pétrolières libyennes rivales après deux ans de division dans le secteur d'hydrocarbures, principale source de revenus pour la Libye. Moustafa Sanallah, président de la Compagnie nationale de pétrole (NOC) et son homologue, Nagi el-Maghrabi, nommé par le gouvernement basé à Tobrouk à l'Est, ont convenu de "réunifier la NOC". "Il n'y a qu'une seule NOC et elle est au service de tous les Libyens", a souligné M. Sanallah. Cet accord de fusion, est "un message fort au peuple libyen et à la communauté internationale" qui montre que le Conseil présidentiel (PC) du gouvernement d'union nationale "est capable de concrétiser la réconciliation" et d'encourager "l'unité et la stabilité d'autres institutions", a-t-il dit. "Nous avons fait le choix stratégique de mettre nos différends de côté (...) et de placer la NOC sous l'autorité du Parlement" reconnu, basé à Tobrouk dans l'est, "du président (Fayez al-Sarraj) et des membres du conseil présidentiel", a indiqué pour sa part Nagi al-Maghrabi, président de la NOC rivale, basée dans l'Est. Au seuil de son deuxième mois d'existence, l'exécutif dirigé par Fayez al Sarraj, appuyé par l'ONU, a réussi également à convaincre deux importants milices, jusqu'alors loyales au Général controversé Khalifa Haftar, de rallier les forces du GNA. Cela n'a pas empêché la survenue de quelques accrochages entre les forces gouvernementales et des groupes armés. Dimanche, un attentat à la voiture piégée a fait deux morts et sept blessés à Benghazi dans l'est de la Libye. En somme, le gouvernement d'union, avance à pas sûrs en dépit de la crise politique qui l'agite actuellement suite au départ de quatre ministres. Quatre ministres du gouvernement libyen ont été limogés après avoir refusé d'assumer leurs fonctions, a indiqué le gouvernement vendredi. Le gouvernement dirigé par Fayez al-Sarraj était initialement formé de 18 ministres, dont 13 avec portefeuilles et cinq ministres d'Etat. Le 22 juin, M. al Sarraj avait présidé son premier Conseil des ministres, avec l'objectif d'établir une autorité unifiée dans le pays en vain. D'ailleurs, les quatre ministres concernés sont tous originaires de l'Est du pays. Ils sont considérés, depuis le 30 juin, "comme démissionnaires pour s'être absentés pour une période excédant trente jours, après avoir refusé de prendre leurs fonctions au sein du GNA", a ajouté le GNA sans préciser s'ils seraient remplacés et par qui. Une constitution et de nouvelles élections Parrainé par l'envoyé spécial de l'ONU, Martin Kobler, et fortement soutenu par la communauté internationale, le processus politique en Libye a continué à bénéficier de soutien émanant d'acteurs régionaux et internationaux. Avec l'appui notamment de la Mission d'appui des Nations unies en Libye, (MANUL) dont le mandat a été prolongé récemment de six mois, de l'Union africaine (UA), de l'Union européenne (UE) et celui de la Ligue arabe, les acteurs libyens vont se pencher sur la rédaction de la constitution, l'organisation de nouvelles élections. Dans son dernier rapport sur la MANUL, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait indiqué qu'une nouvelle version avait été rendue publique début février. Certaines dispositions a-t-il noté, ont créé, une controverse et fait ressortir des désaccords persistants ayant trait notamment au rôle de la deuxième chambre du parlement, à la capitale nationale, aux droits de femmes et minorités, au pouvoir judiciaire et aux élections présidentielles. L'ONU va continuer à fournir des conseils techniques aux autorités à la préparation des prochaines échéances électorales comme convenu dans l'Accord politique, fruit de 14 mois de négociations inerlibyennes.