La tentative de coup d'Etat militaire contre le président turc Recep Tayeb Erdogan, dans la nuit de vendredi à samedi, a suscité de vives inquiétudes de la communauté internationale, qui a condamné la démarche et appelé au respect de la constitution et de l'ordre démocratique. De nombreux pays ont fait état de leur préoccupation face à l'évolution de la situation en Turquie et les violents affrontements qui ont fait 161 morts et 1.440 blessés parmi les forces loyalistes et les civils. Le président des Etats-Unis Barack Obama a exhorté toutes les parties en Turquie à soutenir le gouvernement turc "démocratiquement élu" du président Recep Tayyip Erdogan, selon un communiqué de la Maison Blanche. M. Obama a aussi appelé à "faire preuve de retenue et éviter violence ou bain de sang" en Turquie. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé un retour rapide et pacifique du pouvoir civil en Turquie. "Les interférences des militaires dans les affaires de n'importe quel Etat sont inacceptables", a déclaré M. Ban dans un communiqué. "Il est crucial de réinstaurer le pouvoir civil et l'ordre constitutionnel rapidement et pacifiquement en accord avec les principes de la démocratie", a-t-il ajouté. L'Union européenne a appelé elle aussi à un "retour rapide à l'ordre constitutionnel en Turquie", dans un communiqué commun du président du Conseil Donald Tusk, de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et de la chef de la diplomatie européenne. La Russie pour sa part, s'est dite "extrêmement inquiète" de la situation, selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, précisant que le président Vladimir Poutine était "tenu constamment informé". En visite à Moscou, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a dit espérer la paix, la stabilité et la "continuité" du pouvoir en Turquie, tandis que son homologue russe Sergueï Lavrov a appelé les Turcs à "éviter tout affrontement meurtrier" et demandé à ce que les problèmes de la Turquie soient "résolus dans le respect de la Constitution". Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a appelé de son côté au "calme" et au "respect total des institutions démocratiques en Turquie", "allié estimé" de l'alliance militaire saluant "le fort soutien montré par le peuple et tous les partis politiques à la démocratie et au gouvernement démocratiquement élu de Turquie". La France a également demandé d'"éviter toute violence" et de "respecter l'ordre démocratique" en Turquie. En Grèce voisine, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a fait part de son "soutien au gouvernement démocratiquement élu" de Turquie via un contact de ses services avec ceux de M. Erdogan, a indiqué une source gouvernementale grecque. En Iran, également limitrophe de la Turquie, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a fait part de la "grande inquiétude" de son pays, a rapporté le site du gouvernement iranien. "Nous exprimons notre grande inquiétude devant les événements qui sont en train de se produire en Turquie. En Allemagne et en Autriche, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés dans le calme dans différentes villes pour manifester contre le putsch militaire, après l'appel de la chancelière allemande au "soutien du gouvernement élu" et le "respect de l'ordre démocratique". Le Qatar, et le Pakistan ont condamné fermement cette tentative de putsch et réaffirmé leur solidarité et soutien avec la Turquie. Erdogan dénonce une trahison Le président turc Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé samedi "une trahison" menée depuis plusieurs heures par des soldats putschistes, qu'il a accusés d'être liés à son ennemi juré Fethullah Gülen, exilé depuis des années aux Etats-Unis. Par ailleurs, le mouvement de Fetullah Gülen, a condamné vendredi "toute intervention armée" en Turquie. "Nous condamnons toute intervention armée dans les affaires intérieures de la Turquie", a écrit dans un communiqué. Le président Erdogan avait affirmé auparavant que le coup d'Etat était un "soulèvement dans lequel l'Etat parallèle a également une part", en référence à Fetullah Gülen. Ancien allié du président turc, M. Gülen, qui dirige depuis les Etats-Unis un puissant réseau d'écoles, d'ONG et d'entreprises sous le nom d'Hizmet (Service, en turc), est devenu son ennemi depuis un scandale de corruption fin 2013 dans lequel nombre des proches de M. Erdogan ont été impliqués. Depuis deux ans, les autorités turques ont multiplié les purges, notamment dans la police et le monde judiciaire, et les poursuites contre les proches de la nébuleuse Gülen et ses intérêts financiers.