Le phénomène des accidents de la circulation a pris, ces dernières années, des proportions de plus en plus inquiétantes, amenant les pouvoirs publics à agir par un durcissement de la législation régissant le domaine de la sécurité routière, parallèlement à des actions de prévention et de sensibilisation. Selon les statistiques du Centre national de prévention et de sécurité routières (CNPSR), 1.919 personnes ont perdu la vie dans des accidents de la route et 21.290 autres ont été blessées durant le premier semestre 2016. En 2015, les accidents de la route ont fait 4.610 morts dont plus de 1.500 âgés de moins de 30 ans, soit près de 34%, et les jeunes ont représenté 41% du nombre global des blessés enregistrés lors de la même période (55.994), d'après la même source. Le président du Centre, Ahmed Naït El Hocine, a estimé que les pertes humaines dues aux accidents de la route ont atteint un taux "inacceptable", relevant une moyenne de 12 morts et 160 blessées par jour. Il a précisé que le facteur humain et l'état des routes et des véhicules sont respectivement les principales causes des accidents. Face aux proportions alarmantes prises par ce phénomène, un renforcement de la législation régissant la circulation routière, en amont par des mesures préventives et en aval par le durcissement des sanctions, a été annoncé à l'issue de la réunion du Conseil des ministres du 26 juillet dernier. Un avant-projet de loi adopté lors de cette réunion propose notamment, au titre des mesures préventives, le renforcement de la formation et de la qualification des conducteurs, en particulier les conducteurs professionnels, l'amélioration du contrôle technique et de sécurité routière, et la mise en place d'organes nationaux de prévention et de coordination dans le domaine de la sécurité routière. Au titre des mesures répressives des délits et contraventions liées à la circulation routière, il est proposé le durcissement des classifications et des sanctions des délits et contraventions, ainsi que l'introduction du système de permis de conduire à points permettant le traitement instantané des infractions. Intervenant après l'adoption de ce texte, le président Abdelaziz Bouteflika, a notamment enjoint les services de sécurité routière à "redoubler d'efforts notamment durant cette saison estivale, pour appliquer avec rigueur la législation pertinente, dans le but de faire reculer le fléau des accidents de la route". Le chef de l'Etat a, également, appelé l'ensemble de autorités concernées à "diligenter l'application de ce projet de loi dès son adoption par le Parlement". Un fléau qui coûte à l'Etat 100 milliards DA par an Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, avait indiqué, pour sa part, que les accidents de la route coûtaient à l'Etat 100 milliards de dinars (un milliard de dollars environ) par an et que les nouvelles dispositions adoptées dans le cadre de la révision du code de la route visaient essentiellement à réduire l'intervention humaine dans le processus de constat des infractions. Pour ce faire, il a souligné l'importance de l'introduction de nouvelles dispositions dans le code de la route, notamment l'augmentation des amendes forfaitaires aux infractions à l'origine des accidents (entre 5.000 DA et 7.000 DA) et la mise en place du permis à points. Il s'agit d'un système qui permettra, d'une part, de réduire l'intervention de l'élément humain dans le processus de constat des infractions et, d'autre part, de mettre un terme à toutes formes d'indulgence à l'égard des contrevenants. Dans le même cadre, la Délégation nationale à la sécurité routière qui sera mise en place en remplacement du Centre national de prévention et la sécurité routière, d'ici fin 2016, aura pour mission d'appliquer les décisions du gouvernement pour endiguer le "terrorisme routier". La Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) avait, quant à elle, incité les pouvoirs publics à s'atteler "avec force et conviction" à l'instauration "effective d'une tolérance zéro" aux contrevenants aux dispositions du code de la route. Une large campagne de sensibilisation contre l'insécurité routière durant la période des grands départs en vacances d'été, a été lancée en ce début du mois d'août, par le Centre national de prévention et de sécurité routière sous le slogan "Un voyage en voiture est un plaisir, n'en faites pas un drame".