L'OPEP doit trouver "rapidement" un accord avec certains pays non-OPEP pour un gel de la production, estime l'expert français Francis Perrin qui considère que l'OPEP a une "lourde responsabilité" dans la stabilité du marché pétrolier du fait que sa production a augmenté alors que celle des pays non-OPEP a diminué. "Dans cette situation, l'OPEP a une lourde responsabilité. L'organisation a insisté sur le fait que le fardeau de la réduction ou du gel de la production devait être partagé avec les pays non-OPEP. Mais le fait est que la production non-OPEP diminue alors que celle de l'OPEP augmente", explique M. Perrin dans un entretien à l'APS. "L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime dans son dernier rapport mensuel paru en septembre que l'excédent de l'offre pétrolière mondiale sur la demande ne sera pas résorbé en 2016. Il y a certes un déclin de la production non-OPEP et une augmentation de la demande mondiale mais celle-ci semble se ralentir alors que l'OPEP produit à un niveau très élevé du fait de l'Arabie Saoudite, de l'Irak et de l'Iran. Selon l'AIE, le rééquilibrage du marché n'interviendrait pas avant 2017", a-t-il rappelé. Cet expert, qui est le président de Stratégies et Politiques Energétiques, a préconisé pour les pays membres de l'OPEP de trouver "rapidement" un accord avec certains pays non-OPEP pour un gel de la production. "Il faut essayer de trouver rapidement un accord entre les pays OPEP, en dehors de l'Iran et de la Libye, et certains pays non-OPEP, dont la Russie, pour, au minimum, un gel de la production", a-t-il dit, soulignant que ce n'est qu'ultérieurement qu'il faudra essayer de réintégrer l'Iran et la Libye dans un accord au sein de l'OPEP. Pour lui, insister pour que tout le monde "agisse en même temps", alors que Téhéran n'acceptera pas à ce stade de limiter sa production après des années de sanctions économiques, "c'est prendre le risque de l'échec pour tous les producteurs". Dans ce contexte, a-t-il expliqué, les Etats-Unis "sont évidemment un acteur clé mais leur production de brut est en baisse depuis avril 2015 du fait de la chute des prix", soulignant que le blocage actuel "provient d'abord de la volonté de l'Iran de continuer à augmenter sa production et ses exportations pétrolières et du refus de l'Arabie Saoudite d'accepter qu'un accord de gel de la production ne s'applique pas à l'Iran". Au sujet de la réunion informelle de l'OPEP qui se tiendra à Alger la semaine prochaine en marge de la réunion du Forum international de l'énergie (FIE), M. Perrin a expliqué qu'il ne faut pas s'attendre à une décision formelle, même de gel de la production, d'une réunion qui ne sera qu'informelle. Toutefois, a-t-il ajouté, la question "essentielle" est de "savoir si les discussions qui auront lieu à Alger entre pays OPEP permettront ou pas de rapprocher les points de vue au sein de l'organisation, en particulier entre l'Arabie Saoudite et l'Iran". "L'opposition entre ces deux Etats avait entraîné l'échec de la réunion OPEP/non-OPEP à Doha il y a cinq mois", a-t-il rappelé. Abordant la réunion du FIE, qui regroupera à Alger 72 pays producteurs et consommateurs, il a relevé que cette rencontre ne sera pas une réunion entre pays OPEP et non-OPEP comme celle tenue à Doha. "Le rôle du FIE est de promouvoir un dialogue énergétique au niveau mondial et non pas de prendre des décisions sur le marché pétrolier et les prix du pétrole", a-t-il poursuivi, mettant en évidence que les échanges de vues entre producteurs et consommateurs "sont certes tout à fait utiles et nécessaires mais il ne faut pas trop en attendre". Cependant, a-t-il noté, il est "intéressant" d'avoir autour de la table l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, les Etats-Unis, la Russie, le Canada et la Chine qui sont les six premiers producteurs mondiaux de pétrole.