Le professeur Mansour Brouri, membre du plan national de lutte contre les facteurs de risque de maladies chroniques (2015-2019) a indiqué que 90% des amputations du pied diabétique étaient évitables appelant à développer la chirurgie vasculaire pour éviter le recours à cette intervention. Dans une déclaration à l'APS la veille de la journée mondiale de lutte contre le diabète, célébrée le 14 novembre, l'expert a déploré le recours excessif, en Algérie, à l'amputation du pied diabétique assurant que 90 % de ces interventions étaient évitables. Il a appelé les chirurgiens exerçant au niveau de l'établissement hospitalier spécialisé des maladies cardiovasculaires de Clairval à prendre en charge le pied diabétique. Le chef de service de médecine interne de l'hôpital Djilali Belkhenchir de Birtraria a indiqué que sur 3 millions de diabétiques, 600.000 souffraient d'artériopathie dont 30.000 sont au stade d'ischémie chronique dont le seul remède est l'amputation. Il a estimé que la prise en charge de cet aspect par la chirurgie vasculaire (à travers un pontage) protégeait le malade contre l'amputation. Le spécialiste a préconisé un suivi régulier du diabétique insistant sur l'importance d'une prise en charge multidisciplinaire du diabète pour éviter les complications liées à cette maladie. Pr. Brouri a salué les efforts consentis dans ce sens par les autorités publiques notamment pour garantir la disponibilité des médicaments ou le développement de nouvelles spécialités liées au pied diabétique. L'amputation du pied diabétique cause un problème de santé publique, a-t-il encore soutenu. Nouredine Bouceta, président de la fédération nationale des associations des diabétiques, a pour sa part, mis en avant les efforts déployés en faveur de ces patients et mis en garde contre l'augmentation fulgurante, ces dernières années, de leur nombre. 25.000 nouveaux cas sont recensés annuellement, a-t-il déploré faisant état d'un phénomène ravageur pour la société. Il a plaidé en faveur de la mise en place d'une structure pour la prise en charge du pied diabétique dans chaque établissement hospitalier. L'hospitalisation des cas de pied diabétique dans les services de cardiologies, d'hypertension artérielle ou d'asthme est à l'origine de contamination par des bactéries nosocomiales, a-t-il dit. Combattre les facteurs de risque de diabète, le tabagisme en tête M. Bouceta a mis l'accent sur l'impératif de combattre les facteurs de risque du diabète et d'appliquer les dispositions dissuasives prévues au titre du nouveau projet de loi sur la santé et des programmes de prévention arrêtés par le ministère de la santé pour lutter contre le tabagisme dans les lieux publics. Il s'est élevé contre la propagation du phénomène de tabagisme dans certains établissements hospitaliers et cliniques publics. Il a également plaidé pour la réinsertion des enfants diabétiques qui ont échoué dans leur parcours scolaire en raison de la maladie et qui ont dépassé l'âge de scolarisation. M. Bouceta a appelé le ministère de tutelle à faire obligation aux directeurs de wilaya de l'éducation de réadmettre ces élèves au niveaux des établissements scolaires. Il a recommandé l'élargissement des unités de dépistage scolaire à un plus grand nombre de structures éducatives et proposé que des médecins exerçant dans ces unités effectuent des visites à domicile aux élèves souffrant de maladies chroniques au moins une fois par an. M. Bouceta a fustigé la privation de diplômés bénéficiaires de contrats de pré-emploi parmi les diabétiques, du traitement à l'expiration du contrat. La multiplication des campagnes de sensibilisation aux complications du diabète reste une nécessité impérieuse, selon M. Bouceta qui a rappelé que certaines wilaya du pays ne sont pas pourvues de spécialistes. Le ministère de la santé doit initier les médecins généralistes à la prise en charge du diabète pour palier le déficit en spécialistes, a-t-il suggéré faisant remarquer une insuffisance en matière de prise en charge des problèmes de vue chez les enfants atteints de diabète dans les régions accusant un déficit en praticiens spécialisés. La dernière étude menée par le ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière remonte à 2004. Cette étude qui a concerné les wilaya de Sétif et Oran fait état de 10% de diabétiques sur l'échantillon de la population ciblée. Selon le ministère, l'enquête nationale lancée en novembre et devant s'étaler jusqu'à mai 2017 sur la prévalence des maladies chroniques et qui ciblera les catégories d'âge 18 - 63 ans éclairera, 17 ans après le le premier sondage, sur la véritable situation endémique du diabète en Algérie.