Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, est arrivé lundi au sultanat d'Oman pour tenter, dans l'un de ses derniers voyages en tant que chef du département d'Etat, de relancer les pourparlers de paix au Yémen, au point mort depuis août dernier. Oman, seule monarchie du Golfe à ne pas participer à la coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite, tout en maintenant de bonnes relations avec Ryadh, a proposé sa médiation pour favoriser des pourparlers de paix entre les rebelles et le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale. Pour ce faire, M. Kerry, qui tente depuis plusieurs mois de trouver un règlement au confit yéménite, doit rencontrer dans la journée, son homologue omanais Youssef Ben Alaoui. Il sera également reçu par le sultan Qabous. Les efforts du haut diplomate américain se font en corrélation avec ceux de l'envoyé spécial des Nations Unies au Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui s'était rendu la semaine dernière dans la capitale Sanaa contrôlée par les houthis armés pour exhorter tous les belligérants du conflit à participer à une nouvelle feuille de route sur la paix. L'ONU opte pour une nouvelle feuille de route Lors de son dernier déplacement au Yémen, le médiateur onusien avait exposé une nouvelle feuille de route sur la paix dans le pays. A l'issue de sa visite, il s'était félicité d'"une réponse positive des Houthis et des alliés du parti de l'ancien président Ali Abdallah Saleh". "La Résolution politique est la seule solution pour mettre fin à la guerre", avait-il déclaré, sans toutefois développer sur le sujet ni présenté les grandes lignes de la feuille de route. Or, les houthis ont expliqué que la proposition prévoyait d'isoler le président yéménite, reconnu par la communauté internationale, de renvoyer le colistier de M. Hadi, Ali Mohsen al-Ahmar, et de transférer les pouvoirs à un nouveau vice-président plus consensuel pour former un nouveau gouvernement d'unité nationale incluant les Houthis et les partisans de M. Saleh. Ce dernier a d'ailleurs salué la nouvelle proposition de l'ONU qu'il a qualifiée de "bonne base pour les négociations". M. Ould Cheikh a fait savoir qu'il se rendra prochainement à Ryadh en Arabie saoudite, pour rencontrer M. Hadi et lui proposer la feuille de route. D'autres efforts de paix ont déjà été déployés pour mettre fin à la guerre qui dure depuis 19 mois entre les houthis soutenus par les forces fidèles à M. Saleh et l'armée du gouvernement de M. Hadi soutenue par la coalition militaire sous commandement saoudien. Les pourparlers de paix yéménites, entamés le mi-avril au Koweït, s'étaient achevés le 6 août sans accord. Le Yémen s'enlise dans une grave crise humanitaire Sur le terrain, le Yémen fait face à une crise humanitaire qui s'aggrave notamment avec l'arrivée de l'hiver. Face à cette situation des organisations internationales ont tiré la sonnette d'alarme sur les risques de famine et de l'apparition du choléra dans certaines régions. A leur tête, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est alarmée que plus de la moitié des installations de santé soient fermées ou fonctionnent partiellement au Yémen, déplorant également des pénuries de médecins dans plus de 40% de tous les districts. Le conflit au Yémen qui oppose les forces gouvernementales au mouvement armé des Houthis, s'est aggravé lorsqu'une coalition commandée par l'Arabie saoudite est intervenue le 26 mars 2015 pour appuyer les forces gouvernementales et tenter de repousser les Houthis qui avaient acculé les troupes loyalistes dans le Sud. Plus de 7.000 morts et près de 37.000 blessés, tandis que 21 millions de personnes ont besoin d'assistance médicale dans le pays, selon les derniers chiffres de l'OMS.