La culture s'est taillée, à des degrés inégaux, une place dans les programmes électoraux de la majorité des partis politiques en lice pour les élections législatives du 4 mai, sur fond d'appréhensions de spécialistes qui relèvent un manque d'intérêt à la chose culturelle dans les "tablettes" des candidats. Le Rassemblement national démocratique (RND) proclame, dans son programme électoral, la culture comme élément essentiel à l'affirmation de l'identité nationale et la promotion de Tamazight, langue nationale et officielle, comme ciment additionnel à l'unité du peuple. La vulgarisation de l'Histoire nationale dans sa profondeur "millénaire" constitue une autre préoccupation de cette formation politique qui oeuvre également à la préservation de l'Islam des courants étrangers aux traditions des Algériens tout en renforçant la place et le rôle des "Zaouias, facteur de stabilité de notre société". Le parti s'engage à soutenir la restauration des Ksours sahariens, sites historiques, culturels et archéologiques et à préserver les parcs culturels nationaux dans le cadre de sa démarche de développer le tourisme. Le Front de libération nationale (FLN) a établi, pour sa part, un lien "étroit" entre la culture et l'éducation et la citoyenneté, laquelle constitue un "élément essentiel" pour le développement économique, social et culturel. Peu porté sur le volet culturel, le programme électoral du FLN a axé sur le développement des ressources humaines et l'économie nationale, évoquant la culture de manière globale en soulignant que la consécration des valeurs de la citoyenneté en adéquation avec les principes de l'Islam et la culture, inspirée de l'histoire millénaire du pays", est l'objectif assigné à son programme. Le parti rappelle que les institutions de l'Etat préservent les valeurs et les constantes nationales, les droits de l'Homme et l'héritage culturel des Algériens. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a, lui, axé son programme électoral relatif au volet culturel sur la langue amazighe en oeuvrant à sa "protection contre toute tentative de minorisation politique et juridique". Pour le RCD, la reconnaissance de Tamazight, langue nationale et officielle aux côtés de la langue arabe, est une avancée permettant de lever les ostracismes qui freinent la mise en place d'une dynamique de développement culturel. Le RCD s'engage à promulguer une loi organique qui fixe le caractère officiel de la transcription de Tamazight et les modalités de son intégration dans les programmes de l'enseignement, les médias, l'administration et les domaines prioritaires de la vie publique et institutionnelle. Son programme électoral prévoit également l'enseignement de la langue et culture amazighes aux Algériens résidants à l'étranger au même titre que l'Arabe pour témoigner la reconnaissance de la diversité linguistique et culturelle de l'Algérie. De son côté, le Front des forces socialistes (FFS) qui a donné dimanche le coup d'envoi de sa campagne électorale à partir de Ghardaïa, entend mettre en valeur l'importance et l'exemplarité du projet urbain de "Ksar Tafilat", situé sur les hauteurs de Beni Izguen, considéré comme une "expérience réussie" et un modèle à suivre en matière de citoyenneté. Dépourvu d'un programme proprement consacré à la culture, le FFS compte faire de la célébration du centenaire de la naissance de l'écrivain Mouloud Mammeri une des grandes stations de la de sa campagne électorale, selon un communiqué publié sur la page Facebook du parti. Le Mouvement populaire national (MPA) accorde, pour sa part, un "grand" intérêt à la culture dans son programme électoral mettant en avant la promotion, la production et la diffusion de la culture. Le parti d'Amara Benyounès qui s'engage à protéger notamment les minorités religieuses et culturelles, ambitionne de mettre en oeuvre une véritable politique culturelle intégrant l'ensemble des éléments constitutifs du patrimoine national. Le programme du MPA, qui tient compte des contraintes endogènes et exogènes de la société, consacre la diversification de la production culturelle devant répondre à l'exigence du respect du caractère local et national de la culture nationale. L'Alliance nationale républicaine (ANR) n'a pas manqué, de son côté, d'assigner le volet culturel à son programme électoral mettant en avant la promotion de l'héritage culturel". Pour le parti, le nationalisme doit se mesurer aux dimensions politiques et culturelles ainsi qu'aux fondements de l'identité nationale tout en s'ouvrant à la mondialisation sous ses aspects culturel, politique et économique. La formation, présidée par Belkacem Sahli, a appelé à accorder plus d'intérêt aux valeurs culturelles, à travers la promotion et la protection de l'identité nationale. Des chercheurs, interrogés par l'APS, relèvent un intérêt faible pour le volet culturel de la part de la majorité des partis politiques. La chercheuse universitaire, Habiba Aloui, observe que la majorité des partis candidats aux législatives n'ont pas accordé d'intérêt, dans le programme électoral, au volet culturel souvent abordé sous l'aspect politique. Partant de l'idée que la culture ne sert pas la campagne, le politicien algérien, explique-t-elle, opte pour des slogans politiques et économiques "plus accrocheurs" en terme d'électorat. Le président du Conseil national des arts et des lettres (Cnal), Abdelkader Bendaâmache, considère, pour sa part, que le volet culturel est globalement "marginalisé" dans les programmes électoraux des partis politiques en lice pour les législatives du 4 mai.