Toutes les solutions appropriées seront mises en place afin de continuer à assurer le versement des retraites, a affirmé mardi à Alger le Directeur général de la Caisse nationale de retraites (CNR), Slimane Melouka, insistant sur l'impératif d'une "réforme" du système actuel de retraite. "L'Etat a toujours accordé une attention particulière à la retraite d'une manière générale. Il n'est pas question de ne pas prendre en charge les retraites et toutes les solutions appropriées seront mises en place pour cela", a assuré M. Melouka, sur les ondes de la chaine III de la radio nationale. A la question de savoir si la caisse pouvait arriver à une situation de "non-paiement" des retraites, son premier responsable a rappelé le déficit qu'elle connait actuellement et estimé à 500 milliards DA, lequel a été compensé par un apport de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et de la Caisse nationale d'assurance chômage (CNAC) de l'ordre de 900 milliards DA. Saluant cette mesure décidée par les plus hautes autorités du pays, l'hôte de la radio a ajouté que parmi les solutions envisagées par ces dernières afin de "rééquilibrer" la caisse, celle consistant en la création d'une branche pour la retraite complémentaire, précisant que ce système est "déjà instauré dans certaines mutuelles. "C'est l'une des mesures qui pourraient apporter un plus et c'est une procédure qui a donné ses résultats dans des pays développés", a-t-il souligné, relevant que dans certains d'entre ces derniers, les travailleurs partent à la retraite à 69 ans avec des taux de pension d'à peine 50 %, au moment qu'elle est établie à 80 % en Algérie ". Aussi, il a insisté sur la nécessité de "réformer obligatoirement, à moyen et long termes, le système actuel de retraite: " Nous nous ne pouvons pas continuer à prendre en charge les retraites avec ce système et l'on ne peut maintenir le cap avec les paramètres actuels. Il faut réfléchir sérieusement à la question pour pérenniser l'ensemble du système de la sécurité sociale", a-t-il averti. Il a reconnu, dans ce sens, que même le système de la CNAS est "en péril et compromis", en raison précisément du prélèvement que celle-ci a consenti sur son budget au profit de la CNR. Toutefois, il a tenu à rassurer que la revalorisation annuelle de la retraite "ne sera pas remise en cause et ne sera jamais supprimée malgré la situation actuelle, rappelant que cette année, elle est établie à 2,5 % et a bénéficié à plus de 2 millions de retraités. Ce qui, a-t-il expliqué, a engendré une dépense supplémentaire de 20 milliards de DA". Rappelant que la CNR "vit principalement" des cotisations des travailleurs, son Directeur général a précisé que l'équilibre de celle-ci nécessité 5 cotisants pour 1 retraité, au moment où il est actuellement réduit à 2 travailleurs pour un cotisant, soit environ 6 millions de cotisants pour 3 millions de retraités. Il a expliqué cet état de fait notamment par l'importance des départs à la retraite en 2015 (150.000) et en 2016 (180.000) alors que les prévisions pour 2017 tournent autour 40.000 à 50.000 partants. Une réduction, a-t-il clarifié, qui est engendrée par les dispositions de l'ordonnance liée à la pré-retraite, lesquelles visaient essentiellement la "réduction des déséquilibres" de la caisse. Interpellé sur le volume des dépenses de la caisse, M. Melouka a divulgué le montant de plus de 900 milliards DA par an. Ceci, outre une contribution de l'Etat compensant environ 140 milliards DA annuellement, soit un total de plus de 1000 milliards de DA, précisant que l'appoint de l'Etat est destiné à certaines couches de la société, dont celles ne cumulant pas suffisamment d'années de cotisations. A la question de savoir comment la CNR en est-elle arrivée à ce stade, il a rappelé qu'en 2012, les équilibres étaient "très favorables" en raison des augmentations conséquentes de salaires ayant renfloué la caisse et rééquilibré le système. Néanmoins, a-t-il déploré, il a été enregistré beaucoup de départs à la retraite à un âge précoce entre 2012-2013, ce qui avait " accentué le déséquilibre" en 2014, nécessitant une compensation de plus de 200 milliards de DA. "Ce pourquoi, dès 2014, nous avions tiré la sonnette d'alarme", a-t-il rappelé, appelant à un "débat national, un dialogue et un consensus" sur la question de la réforme du système de retraite. A la question de savoir si le recours au Fonds spécial de retraites peut-être envisagé, il a indiqué que celui-ci, financé par les prélèvements de l'ordre de 3 % de la fiscalité pétrolière, n'a pu engendrer qu'un montant de l'ordre de 460 milliards DA, lequel est préservé pour "plus tard" car mis en place pour les "générations futures". En raison de la situation qu'elle traverse, la CNR a dû faire des "restrictions" notamment en matière de recrutement, d'investissements et d'aménagement, "à l'exception du Grand sud", a ajouté M. Melouka, qui dit "espérer une augmentation, dans le futur, de la quote-part" de la caisse, grâce à une redynamisation de l'emploi et de l'activité économique. Mettant l'accent sur l'obligation du versement des cotisations et des recouvrements pour assurer la pérennité du système de retraite, il a considéré "difficilement" estimable le volume des non recouvrements, du fait que "beaucoup d'employeurs et de citoyens s'y dérobent". Il a déploré, à ce sujet, que "la sensibilisation" des travailleurs et des représentants syndicaux sur la situation critique de la caisse n'ait pas été efficace, allusion à la levée de boucliers de ces derniers s'agissant des dispositions de l'ordonnance inhérente à la pré-retraite.