Le montant versé par Rabat a été rendu public sur le site d'Atlantic Council au même titre qu'un autre don oscillant entre 25.000 et 50.000 dollars offert par le Centre culturel maroco-américain, lié à la principale entreprise de lobbying marocain, la fondation OCP. Ce Think Tank qui fonctionne beaucoup plus comme un lobby a rendu public sa liste de donateurs pour 2016 dans laquelle figurent de grandes compagnies pétrolières des pays du Golfe et des Etats-Unis. Rabat espérait en effet un changement dans la position américaine sur ce dossier en misant sur une des figures du Think Tank, Peter Pham, pressenti, alors, comme future sous-secrétaire d'Etat adjoint chargé des Affaires africaines dans la nouvelle administration Trump. Pham dirige actuellement un centre de réflexion sur l'Afrique relevant de ce Think Tank. Lire aussi: L'ONU doit imposer au Maroc le respect de la légalité internationale concernant la question sahraouie Peter Pham, connu pour sa proximité avec le Maroc, a été l'un des prétendants à ce poste politique d'importance pour l'Afrique avant qu'il ne soit éjecté de la liste des candidats après les objections formulées par le sénateur de l'Oklahoma James Inhofe. L'influent sénateur et grand ami du Sahara Occidental a considéré que l'administration américaine devait prendre une position plus ferme sur le statut des territoires sahraouis occupés estimant que la position de Pham sur ce dossier était incompatible avec la qualité de responsable au département d'Etat, selon des révélations publiées par Foreign Policy. Après plusieurs mois de tergiversation, l'administration Trump a nommé en septembre dernier Donald Yamamoto à ce poste, un fin connaisseur de l'Afrique, selon plusieurs observateurs à Washington. L'OCP n'est pas à sa première opération de lobbying aux Etats-Unis, les révélations du quotidien américain, Daily Caller, sur les sommes versées par cette fondation à l'ancienne candidate démocrate, Hillary Clinton, renseignent sur les financements importants mobilisés par Rabat pour tenter de changer la position américaine sur ce dossier. La fondation Clinton a reçu 15 millions de dollars de la part du roi du Maroc, Mohamed VI, pour assouplir la politique des restrictions imposées par le gouvernement des Etats-Unis aux investissements américains dans le Sahara Occidental en raison de l'occupation illégale de ces territoires. L'argent accordé à la fondation, à l'époque où Hillary Clinton était secrétaire d'Etat, a permis à la compagnie publique marocaine OCP d'intensifier son exploitation controversée des ressources minières du Sahara Occidental occupée. Ces informations viennent s'ajouter également aux révélations de Wikileaks en 2016, sur un don de 12 millions de dollars attribué par le Maroc à la Fondation Clinton afin de pouvoir héberger l'édition 2015 de la conférence annuelle de la fondation à Marrakech. Un million de dollars supplémentaire a été versé par OCP pour couvrir les frais de la conférence. Lire aussi: Ould Salek exhorte le Maroc à respecter les textes de l'UA et le droit de tous les Etats membres Bien que le Maroc dépense des millions de dollars chaque année pour faire pression sur le Congrès afin de l'amener à reconsidérer sa position sur le conflit au Sahara Occidental, le projet de loi sur le financement des opérations extérieures du département d'Etat, adopté par le Sénat montre que "les efforts de lobbying des Sahraouis, même moins importants en termes de financements, ont porté leurs fruits", écrit vendredi al Monitor, le site américain spécialisé dans les questions du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. La commission des appropriations du Sénat a consacré à l'aide accordée au Sahara Occidental un chapitre séparé de celui du Maroc, en affirmant que tout financement qui sera octroyé aux territoires occupés sera géré par la mission pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (Minurso) en consultation avec le Sénat. Le Sénat a exclu Rabat de la gestion de ces financements dans les territoires occupés, estimant que confier au Maroc cette mission revenait à le reconnaître indirectement comme puissance administrante. La dernière liste des dépendances et territoires à souveraineté spéciale, établie par le département d'Etat, a confirmé une fois de plus que l'administration américaine ne reconnaissait pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le Département d'Etat qui a introduit fin 2016 quelques changements à cette liste a maintenu sa position sur le territoire sahraoui en affirmant que sa souveraineté "reste à déterminer ". La position américaine s'aligne sur celle des Nations Unies qui considèrent le Sahara Occidental comme un territoire non autonome en attente de décolonisation. Washington s'est en effet démarqué plusieurs fois du plan d'autonomie présenté par le Maroc en laissant travailler l'ONU sans lui tracer de voie à suivre.