Les députés européens empêchés vendredi d'entrer dans la ville de Laâyoune ont dénoncé la décision des autorités marocaines d'occupation qui leur ont refusé l'accès au Sahara occidental, alors qu'ils s'apprêtaient à aller dans les territoires occupés pour s'y enquérir de la situation des droits de l'homme. "Contrariée" par son expulsion de la ville de Laâyoune, la présidente de l'Intergroupe "paix pour le Sahara occidental" au Parlement européen, Jytte Guteland a affirmé que le but de sa visite dans les territoires occupés du Sahara occidental est d'observer sur place la situation des droits de l'homme. "Nous sommes venus ici en tant que membres du Parlement européen pour observer de nos propres yeux la situation sur place et avoir la possibilité d'écouter la société civile. En tant que parlementaires, nous voulons être suffisamment informés de la situation au Sahara Occidental, d'autant plus que nous serons appelés à s'exprimer sur un accord d'association UE-Maroc modifié", a-t-elle déclaré dans un communiqué. Les députés ont jugé la visite dans les territoires occupés du Sahara occidental "particulièrement importante" étant donné que la Commission européenne négocie actuellement avec le Maroc un accord additionnel à l'accord d'association UE-Maroc pour se conformer à l'arrêt de la Cour européenne de justice (CJUE) qui a conclu que les accords d'association et de libéralisation UE-Maroc ne s'appliquent pas au Sahara occidental. Dans sa décision rendu le 21 décembre dernier, la CJUE souligné que le Maroc et le Sahara Occidental sont deux territoires "séparés et distincts" et qu'aucun accord international ne peut s'appliquer à ce dernier sans le consentement du peuple sahraoui. "Nous ne pouvons pas prendre de décisions en tant que représentants de 508 millions de citoyens européens si nous ne savons pas quels effets ces décisions pourraient avoir sur d'autres parties du monde. Dans ce cas, cet accord aura clairement un impact sur le peuple du Sahara Occidental ", a-t-elle expliqué. La vice- présidente de l'Intergroupe, Bodil Valero a "regretté profondément" la décision des autorités marocaines d'occupation de refuser à une délégation du Parlement européen l'entrée à Laâyoune. "Nous sommes venus ici pour écouter les voix des organisations sahraouies et de la société civile (...) et pour comprendre la situation du peuple sahraoui en territoire occupé, nous devons être sur place ", a-t-elle ajouté. L'autre vice-présidente de l'Intergroupe, l'eurodéputée Paloma Lopez a rappelé, quant à elle, que "les autorités marocaines n'ont aucune compétence au Sahara Occidental pour interdire l'entrée" à des députés européens, regrettant que la délégation n'ait pas pu accomplir sa mission, celle de s'informer, sur place, sur la situation des Sahraouis dans les territoires occupés, notamment sur "les violations des droits de l'homme". Pour l'eurodéputée Lidia Senra, l'expulsion de la délégation de parlementaires européens est motivée par la volonté des autorités marocaines d'occupation de bloquer le territoire pour qu'il n'y ait pas de "témoins de la violation continue des droits de l'homme dans les territoires occupés". "Il (le Maroc) ne veut pas de témoins de ses crimes", a-t-elle affirmé, dénonçant "le silence de la communauté internationale sur les crimes commis par le gouvernement marocain". L'eurodéputé Josu Juaristi a affirmé, pour sa part, que la visite dans les territoires occupés du Sahara occidental visait à "briser le blocus" imposé à la région par Rabat qui "ferme toujours la porte à quiconque qui cherche à s'enquérir de la situation dans les territoires occupés". "Peu importe qu'ils soient parlementaires, journalistes, coopérateurs ou activistes internationalistes", a-t-il ajouté, réitérant la détermination des députés européens à poursuivre leur travail et leur engagement pour la défense des droits du peuple Sahraoui. Il a exhorté, ainsi, l'UE à faire pression sur le gouvernement marocain, mais aussi sur le gouvernement espagnol et l'ONU pour résoudre le conflit, en respectant les engagements pris avec le peuple sahraoui. Les cinq députés européens empêchés de descendre de l'avion à l'aéroport de Laâyoune par les autorités marocaines d'occupation comptent d'ailleurs soulever prochainement la question devant le Parlement européen. L'expulsion de la délégation de parlementaire européen de la ville de Laâyoune dans les territoires occupés du Sahara occidental intervient quelques jours seulement après l'adoption par le Parlement européen d'un accord euro-méditerranéen relatif aux services aériens entre la Communauté européenne et ses Etats membres, d'une part, et le Royaume du Maroc, d'autre part, couvrant le Sahara occidental.