L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a appelé, samedi à Rome, les Libyens à saisir l'occasion pour organiser des élections en 2018 conformément au plan d'action onusien de sortie de crise présenté en septembre dernier. "Il y a aujourd'hui une fenêtre pour organiser des élections l'an prochain", conformément au plan d'action des Nations unies, a indiqué M. Salamé devant les participants à la Conférence Rome MED, sur la Méditerranée, ouverte jeudi dans la capitale italienne. "Je pense qu'il y a beaucoup d'ingérence en Libye, armes, argent, tout ce que vous voulez", a-t-il expliqué. "Mais cette ingérence a diminué et les Libyens devraient saisir cette opportunité" pour organiser des élections, a-t-il poursuivi. "Les Libyens doivent se rassembler et construire des institutions permanentes", a-t-il plaidé. La mission de l'Onu en Libye "travaille activement à préparer le terrain pour des élections libres et justes", a souligné l'envoyé spécial. Celles-ci ont toutefois "besoin d'une vraie préparation", en termes de sécurité sur le terrain, d'inscription sur les listes électorales ou encore de loi électorale, a-t-il ajouté. L'une de ces conditions est aussi la tenue d'une Conférence nationale, réunissant les acteurs libyens, prévue en principe en février 2018. "Nous avons besoin que les acteurs politiques acceptent le résultat des élections avant que celles-ci aient lieu", a souligné M. Salamé. "Si toutes ces conditions sont remplies avant l'été, nous organiserons les élections", a-t-il assuré, rappelant que tous les acteurs politiques en Libye s'étaient prononcés en faveur de ces élections. Le plan d'action onusien avait été proposé par Ghassan Salamé, le 20 septembre dernier, lors de la réunion internationale de haut niveau autour de la Libye tenue au siège des Nations-Unies sous la présidence du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Il prévoit un amendement de l'accord politique libyen signé en décembre 2015 et l'organisation d'une Conférence nationale en vue de rassembler les différentes parties libyennes autour d'un cadre institutionnel pour aboutir à des élections en 2018. A ce titre, l'émissaire onusien a annoncé le début des inscriptions des électeurs à travers l'Instance supérieure des élections le mois de décembre en cours, et appelé à permettre au dispositif de fonctionner à travers tout le territoire national, soulignant "qu'il appartient aux Libyens de choisir la nature de gouvernance qu'ils souhaitent". Mais la formation du nouveau conseil présidentiel en Libye demeure l'un des points d'achoppement sur lesquels buttent les négociations parrainées par l'ONU. Lors d'une précédente session de pourparlers à Tunis, les parties libyennes, en l'occurrence l'Assemblée parlementaire à Tobrouk et le Conseil d'Etat à Tripoli, se sont mises d'accord sur le principe de la formation d'un conseil présidentiel composé de trois membres et d'un nouveau gouvernement qui devraient exercer la fonction exécutive jusqu'à la tenue des élections législatives et présidentielle. Malgré les progrès réalisés sur les questions relatives au processus constitutionnel, à la composition du pouvoir exécutif et aux fonctions militaires et sécuritaires, les discussions sont bloquées pour chacun de ces trois aspects sur un point particulier, avait récemment déclaré l'émissaire de l'ONU. La Libye (6 millions d'habitants) fait face à une crise politique et sécuritaire depuis 2011. Des autorités rivales, à Tripoli et à Tobrouk, et de nombreuses milices s'y disputent le pouvoir.