Une semaine après la journée la plus meurtrière des marches du Retour, déclenchées le 30 mars dernier, le plus grand hôpital de Ghaza est toujours submergé, et pour cause, au moment où les Etats-Unis célébraient l'ouverture de leur ambassade à El Qods occupée, l'équipe médicale d'al-Shefa a vu affluer 500 blessés d'un coup. En théorie, elle ne peut en accueillir que 25. Lire aussi: Ghaza: des centaines de manifestants le long de la frontière au 1er vendredi du Ramadhan Les chirurgiens de l'ONG Médecins sans frontières évoquent des blessures "dévastatrices", "d'une sévérité inhabituelle" et associées à "des orifices de sortie de balles qui peuvent avoir la taille d'un poing, chez la moitié des victimes de tirs que nous avons prises en charge". " On n'a plus aucun médicament en stock", se lamente Ayman Sahabani, directeur des urgences d'al-Shefa. Beaucoup de blessés sortent trop rapidement de l'hôpital sans que les soins de suivi soient assurés. Jeudi dernier, plus de 50 blessés ont été priés de libérer leurs lits. "Ils vont essayer d'être transférés dans un hôpital étranger, mais peut-être que trois ou quatre seulement y arriveront", estime Ayman Sahabani. Près d'une trentaine de personnes amputées Mais la décision de ne pas garder des blessés qui ne sont pas totalement rétablis crée "des dilemmes". "Comment être sûr qu'ils ne vont pas déclencher des infections et revenir aux urgences encore plus mal en point ?", s'interrogent des médecins. "L'hôpital est à court d'antibiotiques et tous n'ont pas les moyens de s'en acheter en pharmacie. Plusieurs sont déjà revenus avec des plaies purulentes ou des septicémies. Près d'une trentaine ont dû subir des amputations", selon Ayman al-Djaroucha, vice-coordinateur de Médecins sans frontière (MSF) à Ghaza. Pour venir en aide aux 14 hôpitaux débordés de Ghaza, l'ONG MSF a ouvert une quatrième clinique et quadruplé le nombre de médecins sur place. Pourtant, cela ne semble pas suffisant. "Nous travaillons jour et nuit", confirme Ayman al-Djaroucha. Lire aussi: L'OCI appelle à l'envoi d'une force de protection internationale en Palestine et condamne Israël Pour les jeunes hommes de moins de 40 ans, il est quasiment impossible d'obtenir une permission de sortie auprès des autorités israéliennes. Des manifestants blessés par balle à la "marche du Retour" qui n'ont reçu que les soins de première urgence, ont été empêchés de se rendre en Cisjordanie pour être opérés. Selon l'ONG canadienne Humanité et inclusion (HI) le blocus imposé à la bande de Ghaza empêche la fourniture d'équipements médicaux. Le personnel de santé est débordé, en raison de la pression exercée sur les services de santé. HI, en partenariat avec des organisations locales, va fournir des soins infirmiers d'urgence et de réadaptation pour les adultes et les enfants blessés : les personnes gravement blessées auront besoin d'une aide spécifique pour s'adapter à leur handicap et reconstruire leur vie. Lire aussi: La position de l'Algérie dans le soutien de la lutte et de la cause du peuple palestinien réitérée à Istanbul Pour d'autres, des soins précoces aideront à prévenir le développement de complications et à améliorer leur rétablissement, a-t-on rassuré. Selon un dernier bilan, au moins 114 personnes ont été tuées et 12 000 personnes ont été blessées par des tirs de soldats israéliens dans la bande de Ghaza, où des dizaines de milliers de personnes manifestent contre le transfert à El Qods occupée de l'ambassade américaine.